C’était mieux avant ! Vraiment? Partie 2

Cet article est la suite de mon article intitulé : C’était mieux avant ! Vraiment? Partie 1

Les riches sont de plus en plus riches, et les pauvres sont de plus en plus pauvres

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Je trouve le graphique ci-dessus assez explicite. Il y a de moins en moins de miséreux, c’est-à-dire de gens totalement démunis. C’est une bonne nouvelle.
Surtout, il faut bien se rendre compte que le complet dénuement, la pauvreté extrême était la norme pour une bonne majorité de l’humanité il y a quelques siècles de cela (voire il y a seulement quelques décennies !).

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Voici l’évolution du taux d’extrême pauvreté pour certains pays. J’ai sélectionné des pays d’Afrique sub-saharienne, l’Inde, la Chine (ça fait quelques milliards de personnes, hein) et le Bangladesh (dont on a une image misérabiliste).

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Voici un autre graphique, avec différents indicateurs de pauvreté. La tendance constatée reste baissière. Avec, probablement, une cause commune avec la diminution des grands pillages, invasions, conflits : l’économie change petit à petit de nature et devient un jeu à somme positive.

J’insiste sur le fait qu’il s’agit de pauvreté absolue, c’est-à-dire qu’une baisse de la pauvreté absolue implique nécessairement une amélioration de la situation matérielle des gens concernés.

La pauvreté relative est un indicateur qui mesure l’inégalité, pas la pauvreté réelle, c’est-à-dire le dénuement matériel. On peut avoir un taux de pauvreté relative qui augmente, mais des « pauvres » qui ne sont pas matériellement plus démunis : il suffit que certains s’enrichissent énormément, pour que les autres soient relativement plus pauvres, même si leur situation est stable ou s’est légèrement améliorée.

De fait, il est faux de dire que la pauvreté augmente : on peut avoir des inégalités qui augmentent localement (c’est notamment le cas aux USA), mais on a bien une diminution massive de la pauvreté partout dans le monde. Cette tendance-là est encourageante, et il faut espérer que les innovations, les échanges culturels et commerciaux, la coopération internationale permettront à toujours plus de gens de s’émanciper et de sortir de l’état de misère.

Et la surpopulation?

Il n’est pas rare de voir un avenir dépeint en noir, avec cataclysmes climatiques, épuisement des ressources naturelles, guerres, pestes, et autres, tout cela étant notamment dû à l’hybris des anciens et à la surpopulation.
D’autres vont venir nous causer grand remplacement et s’agiter, avec autant de peur et de colère.

Vous trouverez ci-dessous un graphique retraçant le taux de fertilité des pays parmi les plus peuplés du monde (le taux de renouvellement de la population, c’est plus de deux enfants par femme, pour rappel), auxquels j’ai rajouté la France et l’Algérie.

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On remarquera qu’il existe une baisse de la fertilité dans tous les pays concernés, y compris l’Algérie et le Nigéria (qui semble être en léger décalage, mais une tendance similaire à la baisse semble s’amorcer vers 1970, quoique la baisse soit moins nette que dans le cas algérien).

Le taux de croissance de la population, tel que projeté par les démographes de l’ONU, est aussi très intéressant :

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On constatera que, tel que projeté, l’Amérique du Sud, l’Amérique centrale, l’Asie, l’Europe perdront des habitants dans les décennies à venir. Cela fait, tout de même, une bonne partie du globe.
L’Amérique du Nord et l’Océanie auront un taux de croissance de la population inférieur à 0,5%.
L’Afrique aura un taux de croissance de la population supérieur à 0,5%.

Il s’agit, bien sûr, de projections, qui peuvent se tromper, en bien comme en mal. Très concrètement, il est possible que des évolutions à venir permettent de résoudre le problème d’une population à croissance trop forte (ou trop faible !). Par exemple, en changeant la façon de produire de la viande.

Mais on remarquera que, même en ignorant les projections à venir, il y a d’ores et déjà une baisse générale du taux de croissance de la population, et ce sans qu’aucun moyen coercitif n’ait eu à être employé à cette fin (la coercition, à ce niveau-là, peut d’ailleurs faire plus de mal que de bien !).

Une première piste pour favoriser la stabilisation voire la baisse de la population (à supposer qu’une telle baisse soit souhaitable), ce serait d’imaginer que de plus en plus de personnes choisissent de ne pas avoir d’enfants -avec des effets de bord peut-être surprenant, je pense ici au fait qu’une telle philosophie de vie devra nécessairement acquérir de nouveaux « adeptes » à chaque génération : ce ne sont pas des idées ou des traits culturels qui se transmettront de parents à enfants, par définition…-.

Une autre piste, ce serait très probablement que le nombre d’enfants en moyenne se stabilise autour de deux parmi ceux qui souhaitent avoir des enfants, par les choix individuels des partenaires amoureux. Toujours sans coercition, ni pression sociale excessive. De fait, le modèle idéal n’est pas, de nos jours, en Europe, la famille très nombreuse avec moult enfants : ce désir-là est, à mon sens, plutôt minoritaire. A noter qu’il n’y aura jamais plus d’enfants que de nos jours, d’après les projections : c’est le moment ou jamais de réussir à faire un job correct en les éduquant.

Une dernière piste pourrait être, tout simplement, de décider qu’une autorité centrale n’a pas à avoir une politique nataliste, pour renouveler la horde des conscrits potentiels (ou des contribuables) : cela relève du choix individuel de chacun, sans incitation financière. Ce que je dis vaut, aussi, pour les politiques anti-natalistes.

Pour conclure, je vous propose une idée amusante (car contre-intuitive) : les gens effrayés par le « grand remplacement » ne peuvent qu’aboutir, s’ils sont honnêtes intellectuellement, à la seule solution logique, à savoir militer pour (i) le développement des échanges économiques gagnant-gagnant avec l’Afrique, et (ii) au militantisme pour le droit des femmes (notamment en ce qui concerne l’accès à la contraception). Autrement dit, la solution (ou une des solutions) à la peur ressentie face au taux de fertilité africain n’est pas la stigmatisation et l’isolement des uns ou des autres, mais la coopération et les échanges entre partenaires commerciaux. Encourageant, non?

Ma conclusion personnelle

Mon approche personnelle, c’est que la peur, la colère, l’amertume sont des choses faciles. S’indigner à la moindre information négative, c’est réagir aux stimulis : pas besoin de néocortex pour cela.

Oui, il y a des injustices, des situations ignobles dans le monde. On peut s’amuser, dans la fiction, à dépeindre sous des couleurs très sombres la réalité, en faisant passer la chose pour du réalisme, de la maturité même. Cet artifice ne fonctionne plus guère avec moi.

On peut, également venir dénoncer, conscientiser, interpeller les masses stupides, en leur pointant les ennemis, la source de leurs problèmes : les immigrés, les patrons, les actionnaires, les médias, les politiques, Trump, les féministes, les catholiques, les musulmans, les juifs, les chinois, les allemands, les russes bref, les autres. Mais, là encore, à mon sens, c’est un défaut dans la fiction que de se focaliser sur des messages, souvent erronés : c’est là le problème que j’ai pu avoir avec le Paradoxe de Fermi, de Jean-Pierre Boudine, ou avec Norman Spinrad dans les Années Fléaux. D’autant plus que le résultat peut être l’inverse de celui recherché : à force de dénoncer les possibles abus de la science, on aboutit à une épidémie de pseudo-science virulente, à la pensée magique, à la méfiance atavique et à la politique clanique et binaire.

En réalité, les tendances sont bonnes ; les choix des gens sont souvent les bons : ils veulent le meilleur pour eux et leurs proches. Peut-être que passer moins de temps à dénoncer, à maudire, à combattre et plus de temps à se préoccuper de soi, de sa famille, de ses voisins, de son environnement immédiat peut in fine avoir de meilleurs résultats, y compris globalement? Cela impose à chacun la responsabilité de mener une bonne vie, ce qui me paraît, à titre personnel, plus gratifiant pour soi que de militer pour qu’un législateur vienne imposer à tous telle ou telle obligation ou interdiction.

Surtout, comme le rappelle cet article de Slate, non, le monde ne sombre pas dans le chaos. Tout n’est pas fichu. Ce qui permet de croire en l’avenir et au génie humain, mais surtout d’agir pour devenir meilleur. Il n’y a aucune fatalité, que des difficultés. C’est avec cette motivation chevillée au corps et à l’esprit que certains bossent d’arrache-pied pour sauver des vies en trouvant des solutions à la pénurie d’organes, que d’autres créent des prothèses toujours plus ergonomiques et efficaces, veulent conquérir la Lune, et l’Espace, veulent guérir les maladies génétiques, allonger l’espérance de vie en bonne santé, et qui sait, un jour, vaincre la maladie et la mort. Je prends, ici, les exemples spectaculaires et high-tech, mais de la décoration de son balcon ou de son jardin au respect de l’espace public, de la façon d’élever ses enfants à la façon de se comporter en ligne, chacun peut agir. Le meilleur n’est ni acquis, ni certain, et c’est à chacun de faire ce qu’il estime être bon et juste.

Bien sûr, une forêt qui pousse fait moins de bruit que le fracas d’un arbre qui tombe, mais ma foi, l’important c’est que la situation s’améliore, pas de se poser en sauveur ou de s’auto-flageller, n’est-ce pas?

[Ne vous inquiétez pas, je reviens à mes sujets habituels dès le prochain article, je voulais juste préciser un certain nombre de points suite à un fort agacement ressenti en parcourant les réseaux sociaux. Désolé si cela vous a ennuyé.]

Pour aller plus loin

  • Vous pouvez vous balader sur le site Our World In Data ;
  • Vous pouvez constater que le nombre de fumeurs n’a jamais été aussi bas ;
  • Vous pouvez consulter l’évolution des chiffres relatifs à l’éducation sur ces slides ; les données brutes (Lee and Lee) sont ici ; là, les données de l’UNESCO sur le taux d’alphabétisation, toujours plus haut de génération en génération partout dans le monde.
  • Vous pouvez vous balader sur le site de l’OCDE pour obtenir un nombre incroyable de données.
  • Vous pouvez découvrir cette vidéo de Kurzgesagt sur les raisons égoïstes d’être vaguement écologiste, ou cette vidéo sur la surpopulation ou encore celle-là sur la fin de la guerre.
  • Vous pouvez, enfin, finir par cette vidéo de CGP Grey qui explique pourquoi la colère est le plus sûr moyen de buzzer (réfléchissez aux implications : les médias en ligne, et les groupes politiques; surfant sur la colère, sont de fait les plus avantagés par la structure des réseaux sociaux).

N’hésitez pas à me communiquer toute autre source de données, que je puisse la partager.

14 réflexions sur “C’était mieux avant ! Vraiment? Partie 2

  1. Ping : C’était mieux avant ! Vraiment? – Journal d'un Curieux

  2. Ping : C’était mieux avant ! Vraiment? Partie 1 – Journal d'un Curieux

  3. Merci pour ces articles fort intéressants et dont les chiffres positifs nous permettent de reprendre un peu confiance. Pour ma part je reste vigilante, car je pense que la question d’avant ou d’après ne s’applique (pour l’instant) pas à la nature humaine. Celle-ci me semble fondamentalement inchangée depuis la préhistoire : un fond individuel instinctif, qui, s’il s’efface lorsque la société positionne l’être dans une situation confortable, ressort à la moindre occasion.

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    1. Merci à toi pour ton commentaire.
      C’est important, je trouve, de voir le bon côté des choses.

      Quant à la nature humaine, je ne suis pas à 100% d’accord avec toi. Ce fond individualiste est une excellente chose, tant d’un point de vue évolutif que d’un point de vue global. La coopération libre, ça fonctionne, et c’est ma foi sympathique. Vouloir le meilleur pour soi, vouloir améliorer sa situation, c’est un excellent moteur pour le progrès.

      Bien sûr, le vol, les agressions, la violence accompagnent aussi ces vieilles tendances-là : mais c’est un peu court, je trouve, de limiter la nature humaine à ces dérives-là.

      Prends cet article : https://www.nytimes.com/2012/12/18/science/ancient-bones-that-tell-a-story-of-compassion.html

      Il recense les cas, remontant à la préhistoire, où il est démontré que nos ancêtres ont pris soin de leurs vieux et de leurs handicapés. La compassion est aussi vieille que l’égoïsme, semble-t-il, et présente très probablement des avantages évolutifs (le groupe fonctionne mieux lorsqu’on peut avoir confiance en son prochain, je suppose ; et un groupe qui fonctionne, ça peut aider à survivre).

      C’est ce que je reproche à pas mal de récits post-apocalypse : dès que la civilisation s’effondre, les hommes deviendraient nécessairement des bêtes monstrueuses, pires que des animaux. Je ne suis pas convaincu que ce soit une description réaliste.

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      1. Hélas je pense que nous n’avons pas besoin d’attendre l’effondrement des civilisations pour voir surgir la monstruosité d’autrui.
        Je te concède que l’empathie est un trait naturel de l’être, mais j’ai toujours eu l’impression que c’était le paramètre n°2 de la survie, derrière cet individualisme qui m’irrite.
        Bien sûr il s’agit d’une réaction tout à fait subjective et propre à mon vécu.
        Le problème avec les perceptions (en tous cas pour ma part), c’est que les éléments positifs « infusent », alors que les éléments négatifs « marquent » (au sens dermique du terme). Du coup je désespère souvent de l’humain.
        Heureusement il y a plein de gens qui réalisent des choses fascinantes et cela me remonte le moral, ton blog en fait partie 🙂

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      2. Il est vrai que les événements négatifs marquent plus que les évolutions positives diffuses. D’où la petite phrase : on entend l’arbre qui tombe, mais pas la forêt qui pousse. C’est dommage de se faire une image mentale de la situation en se fondant uniquement sur le fracas, le bruit, la fureur, en oubliant le reste. Cela noircit le tableau inutilement, et on finit par mépriser son prochain, à dénigrer l’humanité, ne voyant en elle que les faces les plus sombres -alors que le génie humain est tout à fait fascinant et enthousiasmant, à plus d’un titre-.

        Aimé par 2 personnes

  4. Steph

    Salut ! Bon blog ! Allez j’y vais de mon petit commentaire :
    Visiblement dans cet article le concept de misère est lié à celui de capitalisme.
    Mais quelle est l’origine de cette misère ? Cette « misère » a commencé pile au moment de la colonisation. Exactions en tt genre, spoliations de terres, etc. Enfin je v pas faire un cours d’histoire…
    J’ai voyagé dans des endroits où les gens gagnaient littéralement 100$ par mois. Mais au fond de la cour, derrière la maison – ma foi cossue car construite avec échanges de services entre amis et voisins – il y avait un grand jardin avec toute sorte de fruits et de légumes, un poulailler, des vaches, etc. Enfin de quoi vivre et très bien manger.
    D’ailleurs je remarque que sur tous les graphiques, les stats commencent à partir des années 50, au plus loin 1820… Pile à la fin de la colonisation ! Évidemment ces pays étaient ravagés à ce moment ! Et par qui ?!
    La manière dont on vit aujourd’hui n’a pas toujours été. Nous avons tendance à penser que nous, occidentaux ayant les poches pleines, sommes un modèle et une référence absolue en terme de bien vivre. J’ai bien peur que ce soit faux.
    Les africains, les indiens d’Inde, les indiens d’Amérique, les aborigènes, les pygmées, etc. vivaient-ils dans la « misère » avant la colonisation ? Au vu de leur longévité, je ne pense pas.
    Enfin je suppose que c’est une question socio-philosophique…

    Aimé par 2 personnes

    1. Bonjour,

      Merci pour ton commentaire.
      Je dois te faire part de mon désaccord très profond. Non pas que la colonisation fut une force positive -elle explique, en partie, le « retard à l’allumage » d’une partie significative du monde-. Pourquoi ce retard? La colonisation n’était pas un système libéral, ne permettant ni une amélioration des compétences des individus, ni le développement de leurs ressources.
      Tout ceci est exact.

      Toutefois, j’attire ton attention sur le fait qu’un certain nombre de données vient pointer d’autres explications à l’extrême pauvreté généralisée d’il y a quelques siècles.
      Regarde le graphique, qui commence en 1820, par exemple.

      Pour rappel, l’Algérie a été annexée en 1847, après un conflit qui débuta en 1830 en Afrique du Sud, les boers viennent conquérir le territoire zoulou entre 1834, et ce jusqu’en 1855 ; la Nouvelle-Zélande devient britannique en 1840 ; les français prennent la Cochinchine en 1862, puis protectorat français sur le Cambodge en 1863 ; la Tunisie devient protectorat français en 1881 ; la funeste conférence de Berlin, où l’Afrique est partagée entre européens, c’est en 1885 ; le Kenya a été déclaré protectorat britannique en 1895, le Nigéria en 1900,
      Autre exemple : le Congo belge, c’est grosso merdo 1885. Pour le plus grand malheur des congolais.

      Or, avant la colonisation (qui a marché à fond les ballons dans la seconde moitié du XIXème siècle), on a déjà un état de pauvreté extrême et généralisé. Cela permet d’exclure la colonisation comme cause première de l’extrême pauvreté -bien que cette dernière puisse expliquer, à mon sens, pour partie, la stagnation économique-.

      Deuxième détail intéressant, c’est que l’extrême pauvreté en Chine ou en Inde a beaucoup baissé … à compter des années 1980. Le cas de la Chine est, sur ce point, vraiment impressionnant : de 80% de la population, on passe à bien moins de 5% des chinois vivant dans la misère la plus noire, et ce en l’espace d’une poignée de décennies. Dans le cas chinois, difficile de ne pas y voir un effet de la réforme économique chinoise de 1978.

      Troisième détail intéressant, c’est la perspective historique de … la production de grains ! Dans ce cadre, tu as eu des études menées par des historiens, par exemple, pour la période VIII-Xème siècle, tu peux retrouver un chapitre sur la question dans Histoire des Carolingiens, de Marie-Céline Isaïa, tu peux trouver sur le net des études sur l’économie byzantine et sa production agricole (https://books.openedition.org/psorbonne/3894 par exemple), mais aussi dans divers ouvrages dont je peux te donner les références.

      Je relève, enfin, deux affirmations à la fin quelque peu surprenantes. Avoir les poches pleines serait un vice occidental? C’est une vision un peu datée des choses. Partout dans le monde, vous pouvez trouver des gens souhaitant vivre dans un certain confort, une certaine aisance matérielle : je n’y vois là ni un vice, ni une propriété spécifique à la culture dite occidentale.

      Quant à la longévité des peuples « pré-colonisation », je vous invite à me communiquer des sources : celles à ma disposition indiquent un taux de mortalité infantile très élevé, ce qui (déjà) vient nuancer assez fortement l’idée d’une espérance de vie élevée à la naissance.

      Attention : la misère dont je parle ne signifie pas que l’on a une vie indigne. Il ne faut pas plaquer l’image mentale du miséreux édenté vivant dans un carton à une personne vivant dans le dénuement au milieu de la jungle -ou au paysan français du XVème siècle, vivant chichement mais dignement-. Le gros souci du dénuement n’est pas l’indignité, c’est la précarité de la situation matérielle : une mauvaise saison, une catastrophe, une épidémie, et c’est la famine et la mort. Y compris pour les aborigènes, pygmées et autres américains natifs.

      Aimé par 1 personne

      1. Steph

        Re !
        Toutes ces données me semble biaisées car elles prennent comme point de départ la fin de la colonisation. C’est comme si un allemand débutait l’histoire de la Pologne en 1939…
        Je n’ai pas de données sur la situation pré-coloniale de tous ces pays, mais les USA par exemple ont été occupés par les amérindiens depuis des millénaires et ont vécu jusqu’à… l’arrivée des colons. Alors je trouve un peu facile voire condescendant de sortir des graphiques en disant qu’ils sont dans la misère alors que c’est nous occidentaux qui les avons mis dans cet état.
        Qui sont les plus miséreux entre les mayas de l’époque et les mexicains d’aujourd’hui ?

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      2. Les données ne sont pas biaisées : elles concernent les périodes où des statistiques ont pu être faites. Plus on remonte dans le temps, plus le degré d’imprécision augmente.

        Quant aux amérindiens, il conviendrait de ne pas romancer, ni ternir le tableau.

        La démographie des tribus amérindiennes est celle d’un régime démographique traditionnel, avec fort taux de natalité et fort taux de mortalité. Autrement dit, beaucoup d’enfants et d’adolescents meurent. Maladie, faim, accidents. Cela a été le lot quotidien de l’humanité toute entière. Amérindiens compris.

        Cela étant posé, il convient également de relever qu’il y aurait des preuves archéologiques que les peuples chasseurs-cueilleurs ont un meilleur régime alimentaire et sont en meilleure santé en moyenne que les peuples sédentaires -du moins, pour la période pré-médecine moderne-.

        Il y a également des preuves archéologiques que les amérindiens pré-arrivée des européens n’étaient pas aussi pacifiques que l’image romantique qu’on peut s’en faire.
        Par exemple : https://news.wsu.edu/2014/08/04/wsu-researchers-see-violent-era-in-ancient-southwest/ (je n’ai pas accès à l’étude directement)
        En résumé, lorsqu’il y a pression sur les ressources, lorsqu’il y a pénurie, les conflits surviennent. L’économie de pénurie est un jeu à somme nulle, comme je l’explique dans mes articles, avec de la misère et des morts à la clé.

        Le cas maya, à ce sujet, est d’ailleurs intéressant. Les mayas se sont effondrés des siècles avant l’arrivée des européens, et la colonisation subséquente. Pourquoi? Maladies, catastrophes naturelles, guerres… toutes ces pistes sont sur la table.

        En tout état de cause, les données citées ne sont pas là pour hiérarchiser les sociétés ou les types de structures sociales. Très concrètement, toutes les sociétés, partout dans le monde, étaient dans une situation de pénurie.
        De nos jours, partout dans le monde, cette situation est de moins en moins répandue. C’est vrai en France, en Inde, en Chine, en Indonésie, au Nigéria, au Brésil, en Iran. Des sociétés très différentes, partageant une dynamique commune. Je trouve ça intéressant, et encourageant.

        Aimé par 1 personne

  5. Steph

    La question de savoir si c’était mieux avant est plus compliquée qu’il n’y parait, encore plus si tu la pose à certaines populations. Si la vie est fondamentalement mieux aujourd’hui et pour tout le monde sur la planète, il n’y aurait pas eu débat.
    Les chiffres ne sont que des données que l’on interprète selon notre point de vue : si je te dis qu’un mec pèse 140kg tu me diras qu’il est obèse. Sauf que ce mec est fait 2m de haut et est 10x champion de judo. Tt d’un coup il n’est plus obèse, c’est juste un grand mec très costaud. (Dsl pour cet exemple très terre à terre). C’est pourquoi je dis que c’est facile de balancer des chiffres, alors qu’en fait il faudrait nuancer et contextualiser les choses, et ne pas se focaliser uniquement sur l’aspect financier.
    Derrière ces chiffres, il y a des êtres humains qui ont vu leurs terres volées par des étrangers (afrique), des populations millénaires réduites au rang de parias (amérique, australie), des maladies sorties de nul part (fabriqués ou pas mais c’est un autre sujet), et des gens déboussolés à cause du choc de culture.
    Tu comprends alors que certaines populations ont du mal à affirmer sans sourciller que c’est mieux aujourd’hui. Pour nous occidentaux, oui. Pour les autres c’est plus compliqué… Car si c’est mieux pour nous, ça l’est à leur dépends… Et maintenant ils sont doucement entrain de se relever…
    Mais oui en effet aujourd’hui il y a une vraie dynamique positive au niveau mondial et ça c’est cool !

    Aimé par 1 personne

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