Un petit calendrier de l’exploration lunaire – 2017

Pour ceux nés dans les années 1970 ou 1980, les programmes spatiaux semblent davantage appartenir au passé qu’à l’avenir.

En effet, après la mission Luna 24 en août 1976, la Lune semble avoir parfaitement désintéressé les nations du monde pendant près de 30 ans (seules quatre missions prenant place dans cet intervalle, à comparer aux 90 missions ayant pris place entre 1950 et 1976).

De toute évidence, ce désintérêt a pris fin et nous sommes à l’aube d’une nouvelle course à l’espace, où la Lune prend toute sa place.

Ainsi, de nombreuses missions devraient prendre place dans les prochaines années, contraste saisissant lorsqu’on garde à l’esprit le complet désintérêt des années 1980-1990 pour notre satellite naturel.

Outre Chang’e 5 et Chang’e 4, déjà évoqués ici, je tiens à vous lister les prochaines échéances de la conquête lunaire, que vous puissiez prendre toute la mesure de ce qui se joue actuellement.

– Chandrayaan-2 (ISRO, l’agence spatiale indienne), dont le lancement est prévu au premier semestre 2018. Il s’agit du second vol lunaire de l’agence spatiale indienne. Cette mission devrait impliquer trois éléments : un orbiteur, un atterrisseur et un rover (à noter que Chandrayaan-1, en 2009, n’impliquait qu’un orbiteur).

– Lunar Tourism Mission (SpaceX), annoncée en février 2017. Cette mission aurait pour objet de permettre à de riches touristes de profiter d’une « croisière » autour de la Lune dans un vaisseau « Dragon 2 ». D’après les annonces, cette mission prendrait place à la fin de l’année 2018.

– Korea Pathfinder Lunar Orbiter (KARI, l’agence spatiale coréenne), avec un lancement prévu fin 2018. Il s’agit de mettre en orbite un satellite d’environ 500 kilogrammes en orbite autour de la Lune, à environ 100 kilomètres de haut, afin de pouvoir la cartographier.

Il s’agirait également, à ma connaissance, d’une première pour la Corée du Sud, qui rejoint ainsi les nations engagées dans l’exploration de la Lune. A n’en pas douter, c’est un jalon important du programme spatial coréen.

– LunaH-Map (NASA), dont le lancement est prévu en 2019. L’objet de cette mission est d’identifier et de cartographier les dépôts de glace et d’eau sur la Lune.
A noter que d’autres satellites ayant le même objectif devraient également être déployés en même temps : Lunar IceCube et Lunar Flashlight, à l’occasion du vol de test EM-1, reporté en avril dernier en 2019.

A noter que ces satellites seront des « CubeSats », c’est-à-dire des « mini-satellites ».

– OMOTENASHI (JAXA, l’agence spatiale japonaise), dont le lancement est planifié pour 2019 (il s’agit d’un chargement secondaire du vol test EM-1). Il s’agit de faire atterrir un « nano-rover », ce qui, en cas de succès, devrait démontrer qu’il est possible d’explorer la Lune en réduisant grandement les coûts (ainsi, l’OMOTENASHI, pour « Outstanding Moon exploration Technologies demonstration by Nano Semi-Hard Impactor » devrait être un CubeSat d’un poids total d’à peine 14 kilogrammes).

– Smart Lander For Investigating Moon (JAXA, l’agence spatiale japonaise), dont le lancement est planifié vers 2019. Cette autre mission japonaise aura cette fois pour objet de démontrer qu’il est possible pour un petit atterrisseur d’aller là où il y aurait le plus de choses à étudier, et non plus seulement là où il est facile d’atterrir. Pour cela, l’agence spatiale japonaise mise sur de nouvelles technologies, qui devrait permettre une plus grande précision lors de la phase d’atterrissage, et de ce fait de réduire les risques afférents. Ainsi, si cette technologie fait ses preuves, il sera possible de choisir non plus uniquement les lieux les moins risqués pour « alunir », mais de choisir les endroits les plus intéressants scientifiquement (voire commercialement?).

– le Lunar X Prize, sur lequel je reviendrai ultérieurement. En résumé, il s’agit d’un prix, financé par Google, qui récompensera l’entreprise privée qui saura la première atterrir sur la Lune. A noter que, parmi les conditions de ce concours, il y en a une particulièrement intéressante : les financements d’une telle mission doivent, pour l’essentiel, être privés.

Voici les équipes en lice :

  • SpaceIL (Israël), qui a déclaré avoir son « billet » pour la Lune pour le second semestre 2017 (avec de sérieuses difficultés pour tenir un tel calendrier) ;
  • Moon Express (USA) dont le départ reste prévu pour fin 2017 ;
  • TeamIndus (Inde), qui bénéficie de son côté d’un contrat pour un lancement planifié le 28 décembre 2017 ; toutefois, il semblerait qu’il reste quelques petites difficultés bureaucratiques à surmonter… ;
  • L’équipe japonaise Hakuto, qui bénéficie également d’un départ programmé le 28 décembre 2017, ne rencontre, à ma connaissance, pas de telles difficultés.
  • Synergie Moon, une équipe internationale, est également en lice pour le prix. A ma connaissance, aucune date de départ n’est avancée, mais pour pouvoir prétendre au prix, il sera quoiqu’il en soit impératif d’alunir avant le 31 décembre 2017.

– Luna-Glob, mission de l’agence spatiale russe, devrait être le préambule d’une base lunaire totalement automatisée. A priori, les dates de lancement planifiées sont 2019 (Luna-25), 2020 (Luna-26) et Luna-27 (2021). Affaire à suivre…

Cette petite liste démontre déjà que notre époque a quelque chose de singulier : non seulement la conquête spatiale est désormais l’objectif d’une multitude de pays, mais au-delà de ça, elle n’est plus réservée aux seuls Etats, des entreprises privées n’hésitant pas à s’y lancer.

A ce sujet, je ne manquerai pas de revenir plus longuement sur telle ou telle mission lorsque le moment sera opportun (notamment les missions indiennes, coréennes et japonaises, qui piquent mon intérêt). D’ores et déjà, je ne vous cache pas mon envie de revenir très bientôt sur le Lunar X Prize, qui me paraît être une initiative particulièrement intéressante, révélatrice de ce qui pourrait devenir un nouvel âge spatial.