La terraformation, qu’est-ce que c’est?

Bonjour à tous,

Voilà un concept dont vous avez déjà très certainement entendu parler et qui relève, de toute évidence, de la science-fiction ou des douces rêveries de scientifiques aimant à imaginer un avenir futuriste.

Mais, avec l’émergence du New Space, qu’illustre notamment la liste des missions d’exploration du système solaire, un doute peut nous saisir : la terraformation relève-t-elle encore de la science-fiction? Ou est-elle une étape possible de notre évolution technologique, quelque chose dont nous verrons les débuts de notre vivant, peut-être? Voire, soyons fous, non pas une étape possible mais une étape nécessaire pour l’Humanité?

Ces questions sont légitimes. Je vous propose dans cet article quelques éléments de réponse et de réflexion sur le sujet.

Définition

La terraformation, c’est le processus permettant de modifier un environnement hostile à la vie humaine, qu’il soit trop froid, trop chaud ou doté d’une atmosphère toxique, dans le but de le rendre conforme à nos besoins. Il s’agit, en somme, de « créer une nouvelle Terre », que ce soit en modifiant l’atmosphère, le sol, la topographie, la luminosité, l’écologie locale, etc.

Ce processus n’est pas naturel mais relève, véritablement, du projet d’ingénierie planétaire.

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Le mot terraformation ou terraforming, en anglais, a été créé par l’écrivain Jack Williamson dans sa nouvelle Collision Orbit, publiée en 1942 dans le célèbre magazine Astounding Science Fiction (il semblerait qu’on puisse télécharger les scans de ladite revue ici, en fichier CBR ; naturellement, c’est en anglais).

Une brève histoire du concept de terraformation : la terraformation dans la littérature

Je vous propose une liste, naturellement non exhaustive, de fictions ayant abordé d’une façon ou d’une autre la terraformation. J’invite les curieux intéressés à consulter le texte des anciens romans cités (j’ai mis un lien vers la version anglaise des romans, n’ayant pas trouvé pour le moment la version française. Pour les autres romans plus récents, je vous renvoie vers des critiques vues chez d’autres blogueurs).

N’hésitez pas à m’indiquer des oeuvres emblématiques méritant d’enrichir cette liste.

Pour ceux passionnés de SF ancienne, je vous invite à vous rendre sur le blog ArchéoSF, dédié au sujet. Si, d’ailleurs, un de ces passionnés pouvait m’aiguiller pour trouver un texte d’Octave Béliard intitulé Vie d’un parisien au XXIème siècle, en plein dans le sujet de cet article, ce serait fort aimable…

– H. G Wells, la Guerre des Mondes (The War of the Worlds), 1898.

Qui ne connaît pas cette oeuvre? Oui, certes, il y a eu plusieurs films sur le sujet (en 1953 et 2005…ce dernier film étant loin d’être inoubliable), mais aussi une émission radiophonique restée célèbre pour la panique qu’elle a provoqué parmi les habitants, persuadés qu’une invasion avait bien lieu !

Il s’agit, à ma connaissance, de la première apparition du concept de terraformation. Le terme n’est pas employé, mais très clairement, nos amis martiens ont importé une espèce de plante rougeâtre caractéristique, qui colonise les terres et modifie l’environnement terrien pour le rendre propice aux envahisseurs martiens.

– Edgar Rice Burroughs (l’auteur de Tarzan), la Princesse de Mars (A Princess of Mars), 1912.

C’est un roman d’eventures dont le héros, John Carter, a eu sa petite notoriété à l’époque (Tarzan a bien mieux résisté dans les mémoires).
John Carter vous évoque peut-être quelque chose?

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Qui a vu ce film? Pour information, il a provoqué pour Disney, pour l’année 2012, des pertes de l’ordre de 200 millions de dollars.

Oui, c’est lui.

Dans ce roman d’aventure, vous voyagerez sur Mars ; vous y verrez des usines atmosphériques, qui ont modifié l’atmosphère martienne pour la rendre respirable : n’est-ce pas là de la terraformation qui ne dit pas son nom?

– Olaf Stapledon, les Derniers et les Premiers (Last and First Men), 1930.

J’ai déjà évoqué cet auteur dans mon article sur la Sphère de Dyson, et son roman Star Maker.

Ici, vous trouverez une histoire de l’humanité à une échelle (à ma connaissance) sans précédent à l’époque : du XXème siècle à deux milliards d’années dans le futur.

Olaf Stapledon, que Jacques Sadoul décrit comme étant davantage un philosophe qu’un auteur de science-fiction (du moins, son oeuvre a-t-elle pour objet de faire passer des idées philosophiques sous la forme d’histoires allégoriques : il est plus penseur que conteur), fait très fort. Le livre me paraît visionnaire à plus d’un titre : l’ingénierie génétique est présente dans le livre avant l’heure ; des esprits-ruches y sont décrits ;  la terraformation de Venus, enfin, y est abordée, ainsi que la colonisation de Neptune.

Cette oeuvre mérite d’être citée pour une autre raison : un certain Arthur C. Clarke s’est lancé dans la Science-Fiction en grande partie grâce à l’émerveillement ressenti, dans sa jeunesse, lors de sa découverte de ce roman.

– A. E van Vogt, Le Cycle du Ā, 1945.

J’ai lu ce cycle, réputé pour être une sorte d’incontournable. Très clairement, je n’ai pas accroché. Je le cite, toutefois, car nous y trouvons une Vénus terraformée et habitable.

– Roger Zelazny, l’Île-des-Morts

Dans la nouvelle Lugubre lumière et la novella l’Île-des-morts, vous allez suivre Francis Sandow, un homme capable de façonner les planètes (tout simplement). C’est, autrement dit, un terraformeur.

Si vous voulez en apprendre plus sur ce recueil, je vous invite à vous rendre sur le blog d’Apophis.

– Arthur C. Clarke, 2001 l’Odyssée de l’Espace (1968), et 2010, l’Odyssée deux (1982),

Ceux qui ont vu le film de Stanley Kubrick uniquement vont, peut-être, froncer les sourcils : quel rapport, ma foi, avec la terraformation?

Pour cela, je vous invite à découvrir ces deux monuments de la SF. La lecture des deux livres sont nécessaires. En peu de mots, afin de préserver le plaisir de la découverte, je dirais simplement qu’Europe, le satellite de Jupiter, est concerné par un projet de terraformation. Là encore, je vous renvoie vers le blog d’Apophis (je ne suis pas payé, je vous l’assure).

– Frank Herbert, le cycle de Dune (et plus spécifiquement, les Enfants de Dune).

Encore un monument de la science-fiction, à découvrir d’urgence si cela n’a pas été fait.

Dans ce troisième roman, vous arrivez après les aventures de Muad’Dib (ou Paul Atréides). La situation sur la planète Dune est dramatique : un projet de terraformation, qui augmente notamment l’humidité de la planète, risque de tuer les vers du désert.

Si vous ne connaissez pas du tout Dune, vous pouvez trouver une brève présentation de ce monument de la SF chez un certain troll.

– Gilles d’Argyre (a.k.a Gérard Klein, le Rêve des Forêts, 1989 pour la version revue, 1960 pour la version originale Chirurgiens d’une planète.

Je vous cite la quatrième de couverture :

    Sur Mars, colonie terrienne devenue autonome, la tension monte. Après avoir échoué à supprimer Archim, le grand climaticien, on l’arrête et le voici devant un tribunal secret présidé par Jon d’Argyre. Dans l’ombre, Gena, la fille de Jon, conspire pour aider le jeune savant : elle l’aime et a foi en lui. Au procès, un ambassadeur terrien est prêt, lui aussi, à soutenir Archim et son Projet, jugé criminel.

     De quoi s’agit-il ? Archim a inventé un étonnant procédé capable de donner à la planète rouge des conditions d’habitabilité terrestres… Mars le refuse, la Terre l’approuve. On devine la révolution technique et mentale qu’un tel dessein implique.

     Mars connaîtra-t-il le bonheur vivifiant des forêts, l’ombre douce des arbres ? Mais ne serait-ce pas là une folle « chirurgie » planétaire ?

– Kim Stanley Robinson, Mars la Rouge, Mars la Verte, Mars la Bleue.

Ceux connaissant cette trilogie ne seront pas surpris de la voir figurer dans la présente liste. En matière de terraformation, il s’agit en effet d’un incontournable.

Fresque immense, étendue sur des décennies, et sur deux mondes (au moins), il s’agit de l’histoire de la colonisation et de la terraformation de Mars.

Je ne veux pas vous gâcher le plaisir de la découverte.

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Credit : Kevin Gill

– Alastair Reynolds, l’Espace de la Révélation

Une partie de l’action principale va se dérouler sur Resurgam, une planète en cours de terraformation (ladite terraformation étant d’ailleurs l’objet d’âpres débats et de fortes tensions politiques).

Je vous renvoie au blog de l’Epaule d’Orion si vous souhaitez en apprendre plus sur cette oeuvre.

– Robert Charles Winson, Spin (une autre critique ici)

Pour en apprendre plus, je vous invite à aller lire les critiques qui en ont été faites, que ce soit sur le blog d’Albédo ou du Chien Critique.

En peu de mots, il s’agit d’un roman magistral, brassant avec brio de très nombreux thèmes. La terraformation de Mars est un élément de l’intrigue essentiel, sur lequel je ne vais guère m’appesantir : lisez, et vous comprendrez.

Pour les curieux souhaitant en apprendre plus sur ce livre, vous pouvez cliquer sur les liens ci-dessus qui vous renverront au blog du Chien Critique et d’Albédo.

2312, de Kim Stanley Robinson.

Un livre que j’attendais avec une immense impatience : imaginez-donc, la suite de la trilogie martienne !

La déception fut grande, tant l’intrigue m’a paru indigente, et les personnages agaçants. Alors oui, on explore une partie méconnue du transhumanisme (le postsexualisme ou pansexualité, où la notion de genre paraît dépassée et où chacun doit pouvoir devenir homme et femme), oui il y a de très bonnes idées (les astéroïdes, la terraformation de Vénus ou de Titan, c’est du tout bon), mais voilà : tout cela tombe à plat, faute d’une histoire structurée et prenante.

Pour ceux voulant en savoir plus, vous pourrez voir ma critique, celle d’Apophis en lien ci-dessus, ou encore celle de Lorkhan ou de Xapur, qui m’ont l’air assez unanimes, hélas.

Une précision essentielle : je n’aborderai pas ici les aspects scientifiques de la terraformation, ces derniers allant constituer la substantifique moelle des articles plus précis sur la terraformation de tel ou tel astre de notre système solaire.

Pourquoi terraformer?

Les critiques

Pourquoi terraformer : une question qui peut surprendre. Mais elle est, pourtant, logique et légitime. Vous trouverez de nombreuses personnes pour critiquer le fait que l’Humanité porte son regard vers les étoiles, en dépensant des fortunes aux fins d’explorer l’inconnu. Ces milliards auraient pu être utilisés pour des causes plus justes, plus essentiels, arguent-ils. C’est une critique anthropocentrique relatives à la bonne (ou à la juste) utilisation des ressources.

Alors, imaginez pour la terraformation : un projet d’ingénierie planétaire, coûtant des sommes folles, pour des résultats tangibles dans quelques décennies, quelques siècles voire quelques millénaires. Pourquoi terraformer, dans ces conditions?

Dans Mars la Rouge, de Kim Stanley Robinson, vous avez un dialogue qui vaut mieux que tous les longs discours : je tiens, d’ailleurs, à remercier les Cahiers de l’Hydre pour l’extrait qui va suivre.

« -Pourquoi ne pas en avoir discuté avec nous ? demanda Spencer.

Sous le regard d’Ann, il détourna les yeux.

-Pourquoi aurais-je dû discuter avec vous ? (Elle se tourna vers Sax.) Votre opinion est claire, nous sommes revenus sujet plusieurs fois, et rien de ce que j’ai pu dire n’a changé quoi que ce soit en ce qui vous concerne. Vous restez dans vos petits trous, plongés dans vos petites expériences, comme des gamins qui jouent au petit chimiste. Alors que tout un monde s’étend autour de vous. Un monde dont les formes sont cent fois plus larges que leurs équivalents terrestres, mille fois plus anciennes, avec des traces de la création du système solaire dispersées un peu partout. Un monde qui a à peine changé durant ces derniers milliards d’années. Et maintenant, vous allez détruire tout ça. Sans même avoir l’honnêteté de le reconnaître. Nous pourrions vivre ici et étudier cette planète sans la changer –sans trop de peine, sans nous créer trop d’inconvénients. Ces histoires de radiations ne sont que des conneries, et vous le savez. Le taux n’est pas assez élevé pour justifier une altération radicale de l’environnement. Vous voulez simplement le faire parce que vous pensez en être capables. Vous voulez voir ce que ça donnera –comme si vous étiez dans un grand bac à sable pour construire des châteaux. Vous prenez vos justifications n’importe où, mais ce n’est jamais que de la mauvaise foi, pas de la science !

[…]

Sax Russell se leva à son tour. Il restait le même petit homme discret, il battait des paupières comme un hibou. Il avait sans doute le visage un peu coloré, mais sa voix restait calme et sèche, comme s’il récitait un texte sur la thermodynamique ou la table des éléments.

-C’est dans l’esprit de l’homme que réside la beauté de Mars. Hors de la présence humaine, ce n’est qu’une collection d’atomes, guère différente de toutes celles qu’on peut observer dans l’univers. C’est nous qui comprenons Mars, qui lui donnons son sens véritable. Avec tous ces siècles que nous avons passés à l’observer avec nos télescopes, à deviner des canaux dans chaque changement d’albedo. Avec nos romans de SF stupides remplis de monstres, de princesses et de civilisations disparues. Avec tous les étudiants qui ont rassemblés toutes les données pour nous conduire jusqu’ici. C’est ça qui donne sa beauté à Mars. Et non pas le basalte ou les oxydes. […]

-Maintenant que nous sommes ici, continua-t-il, ça ne suffira pas de nous cacher à dix mètres sous terre pour étudier la roche. Oui d’accord, c’est de la science, et elle est même nécessaire. Mais la science va bien au-delà. La science fait partie d’une entreprise humaine plus vaste, qui implique d’aller jusqu’aux étoiles, d’adapter les autres planètes à notre forme de vie. La science, c’est créer. L’absence de vie sur cette planète, et le fait que nous n’en ayons pas trouvé trace en cinquante ans de travail sur le programme SETI, indique que la vie est rare, et la vie intelligente encore plus. Pourtant, la beauté est tout le sens de l’univers. Elle réside dans la conscience de la vie intelligente. Nous sommes la conscience de l’univers, et notre travail est de la répandre, d’observer les choses, d’aller vivre là où nous le pouvons. Il est trop dangereux de confiner la conscience de l’univers à une seule planète. Elle pourrait être balayée. Nous voilà donc sur deux planètes, trois si nous comptons la Lune. Et nous avons les moyens de transformer cette planète-ci, si nous voulons y vivre en sécurité. En la transformant, nous ne la tuerons pas. Il sera sans doute plus difficile de déchiffrer son passé, mais nous n’en supprimerons pas la beauté. En quoi des lacs, des forêts, des glaciers pourraient-ils diminuer cette beauté ? Pour moi, cela ne fera que l’accentuer. Cela lui apportera la vie, le plus beau des systèmes. Mais la vie n’abattra pas Tharsis, elle ne comblera pas Marineris. Mars restera Mars. Différente de la Terre, plus froide, plus sauvage. Mars et nous pouvons survivre en même temps. C’est inscrit dans l’esprit humain : si ça peut être fait, ce sera fait. Nous transformer Mars et la construire, comme nous avons construit les cathédrales. Ce sera un monument à l’humanité et à l’univers. » (p.190-193)

-Kim Stanley Robinson, Mars La Rouge, Paris, éditions Presses de la Cité, 1994 (1993 pour la première édition américaine), 548 pages.

Vous le voyez, Ann Clayborne a une position non-anthropocentrique : Mars a une valeur intrinsèque, qu’il convient de respecter. Cette valeur de l’environnement doit conduire au rejet de la terraformation : c’est à l’Homme de s’adapter.

Sax Russel, quant à lui, apporte une réponse qui m’a touché : non pas parce qu’il avance que le progrès est inévitable (idée naïve, voire dangereuse, que je ne soutiens guère) mais parce que son propos a une dimension esthétique qui m’a conquis.

La terraformation c’est l’extension du domaine de la conscience, et sans se bercer d’illusions ou de rêves de grandeur, il me paraît souhaitable d’aboutir à ladite extension. Bien sûr, mon accord sur la finalité que constitue la terraformation n’impliquera pas mon approbation pour toutes les méthodes employées.

Terraformation et Paradoxe de Fermi

Permettez-moi de m’adresser à ceux ne connaissant pas le Paradoxe de Fermi : j’ai eu l’occasion d’écrire iciici ou encore  des articles expliquant le Paradoxe en question, et les différentes solutions qui ont pu être proposées.

Le rapport avec la terraformation? Vous pouvez le deviner en relisant le discours de Sax Russel ci-dessus. La vie est une belle chose : une merveille, véritablement. Vous pouvez lire nombre d’ouvrages sur la question, vous ne pourrez qu’en arriver à la même conclusion : la vie est un système superbe, impressionnant, exceptionnel.

Pourtant, c’est un système fragile : une altération soudaine de la composition atmosphérique, un sursaut gamma un peu trop proche, un astéroïde un peu trop gros, et c’en sera fini de notre bel écosystème.

Ce serait, peut-être, une perte irréparable : jusqu’à preuve du contraire, nous sommes la seule planète disposant de formes de vie dans la galaxie, voire dans l’Univers.

C’est cette idée-là, fort simple (on ne met pas tous ses oeufs dans le même panier) qui fait dire à Elon Musk que « s’il y a une troisième guerre mondiale, nous voulons nous assurer qu’il y a suffisamment de germes de la civilisation humaine pour pouvoir les ramener et raccourcir la durée de l’âge des ténèbres » (ma source).

Si on approfondit quelque peu, on peut percevoir que l’idée que j’exprime ici à deux variantes : une relevant, quasiment, du sacré (la vie doit être semée) ; une autre beaucoup plus pragmatique (on n’est jamais trop prudent).

Autrement dit, si nous sommes seuls dans l’Univers, il faut préserver la vie coûte que coûte car il s’agit de quelque chose d’infiniment précieux.

Mais, à vrai dire, les autres solutions au Paradoxe de Fermi conduisent également à l’idée qu’il faut se répandre et ensemencer dès que la possibilité technologique se présente. Une catastrophe est vite venue.

Les alternatives à la terraformation

  • La paraterraformation

Le « paraterraforming », ou paraterraformation en français, est une idée consistant à venir clore des portions de la planète ou du corps céleste que vous désirez terraformer, pour borner la modification de l’environnement à cette seule portion.

Vous pouvez rencontrer cette idée dans Mars la Verte, de Kim Stanley Robinson, où les immenses canyons martiens sont recouverts pour créer un environnement propice sous le dôme de protection. Dans ce cas précis, la paraterraformation n’est pas une solution exclusive de la terraformation : il s’agit d’un complément, en attendant que le processus de terraformation soit plus abouti.

Une autre illustration peut être signalée dans 2312, du même auteur. En effet, les astéroïdes y font l’objet d’un « paraterraforming interne » : puisqu’il est impossible de terraformer la surface d’un astéroïde, ces derniers sont évidés pour servir de « coquille » à un « monde creux » dans le cadre duquel on peut créer des écosystèmes complets.

L’autre idée est de recouvrir les astéroïdes d’un bouclier ou d’une coque, sous laquelle il y aura une atmosphère à la pression adéquate (c’est la paraterraformation totale). L’idée est techniquement envisageable, quoique les impacts de météorites rendent la chose quelque peu périlleuse.

  • Le génie génétique

L’idée, ici, est simple : et si au lieu d’adapter l’environnement à l’homme, vous adaptiez les hommes à leur nouvel environnement? Cette idée-ci renvoie au concept de transhumanisme et de posthumanisme, et pose des questions éthiques abyssales. Qu’est-ce qui est le plus éthique : de modifier les gènes de sa descendance ou de modifier son environnement?

Deux exemples en littérature suffiront.

Le premier, je vais le tirer du cycle d’Hypérion, de Dan Simmons. Dans ce cycle, les Extros sont des transhumains pur jus. Ces derniers sont, souvent, grands et maigres (la vie sur les astéroïdes, sans gravité, a modifié leur physionomie). Le terme souvent est important : certains auront des ailes, d’autres des attributs propres aux animaux : la variété est la règle chez les Extros. Autrement dit, ils se sont adaptés à la vie dans l’espace en modifiant leurs gènes, préférant cela à la terraformation et au risque de détruire les formes de vie (potentiellement intelligentes !) qui résident sur les exoplanètes.
Dans une autre variante transhumaine/posthumaine, on peut aussi citer les conjoineurs et les ultranautes, que vous retrouverez dans les romans d’Alastair Reynolds.

Le second, je l’ai découvert grâce à Apophis : Clefs pour décembre. Ici, l’homme procède par modification génétique pour s’adapter aux diverses conditions climatiques rencontrées sur les diverses exoplanètes. En l’espèce, les protagonistes sont adaptés au froid extrême. Je vous laisse vous reporter à la critique d’Apophis pour en apprendre plus et saisir la relation étroite entre génie génétique et terraformation.

Comment terraformer?

Je vous propose, dans cette partie, le sommaire des articles planifiés sur le sujet. J’actualiserai la page au fur et à mesure de la publication desdits articles.

La terraformation de Mercure

La terraformation de Vénus

La terraformation de la Lune

La terraformation de Mars

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La terraformation des lunes joviennes

La terraformation de Titan

La terraformation des astéroïdes

Le mot de la fin

Je tiens à clore proprement cet article. Et quoi de plus propre qu’une citation adaptée au sujet qui nous intéresse ici?

Je laisse la parole à Constantin Tsiolkovski, un des pères fondateurs de l’astronautique moderne (qui imagina les fusées à étages, l’ascenseur spatial, l’Homme sur la Lune, les vaisseaux allant tourner sur eux-mêmes pour créer une gravité artificielle…et ce au tout début du XXème siècle ! Outre son imagination, ses travaux scientifiques, et l’équation qui porte son nom, ont joué un rôle important dans l’essor de l’industrie spatiale).

La Terre est le berceau de l’Humanité. Mais qui veut rester dans un berceau toute sa vie?

 

17 réflexions sur “La terraformation, qu’est-ce que c’est?

  1. Francis Spinoy

    Merci pour cet intéressant article et les différentes sources qu’il contient.
    Je pense que vous devriez aussi parler des « cités de l’espace » (référence au livre de O’Neill, qui à ma connaissance fut le premier à développer ce concept), des habitats rotatifs en orbite terrestre, solaire ou planétaire, de dimensions et de formes variables. Pour moi, cette idée a beaucoup plus de sens que la terraformation de Mars, dont personnellement je ne vois pas l’intérêt compte tenu des nombreux points négatifs liés à une telle entreprise. Trop long et complexe que pour les énumérer ici, mais je pense que vous devez en avoir une bonne idée…

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    1. Bonjour,
      Merci pour votre commentaire. Je connais ce livre de O’Neill, les Villes de l’Espace, mais je ne l’ai pas encore lu… Il me faut mettre la main dessus.

      J’ai, effectivement, eu la tête dans le guidon en oubliant, parmi les alternatives, l’habitat spatial ! Je m’en vais corriger cette erreur.

      Quant à la colonisation de Mars (et, a fortiori, sa terraformation), je compte effectivement rappeler longuement les défis à relever -qui sont plutôt nombreux, et qu’il ne faut surtout pas sous-estimer-.

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  2. (merci pour les liens !)

    Un article magistral, bravo. J’ai hâte de lire ceux consacrés aux différentes planètes.

    Concernant le génie génétique, je pense que tu seras fortement intéressé par Semailles humaines de James Blish, qui appelle ce concept d’adaptation de l’homme à des environnements non-terriens Panthropie.

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    1. Merci beaucoup !
      Je pense écrire ceux sur la colonisation avant ceux sur la terraformation.

      Quant au génie génétique, j’avais bien relevé dans ton article sur l’île-aux-morts de Zelazny que tu évoquais cette ooeuvre de James Blish…
      Mais ne l’ayant jamais lu, et l’ayant même découvert grâce à toi, il m’a paru plus honnête de renvoyer vers ton article pour que les gens fassent, eux aussi, la découverte de Semailles Humaines !

      J’aurai pu citer la nouvelle dans Demain les Chiens, de Clifford D. Simak (sur Jupiter, de mémoire), mais bon ! Il fallait faire un choix. En y réfléchissant, la panthropie (terme que je n’ai pas employé, je vais corriger ça) pourrait faire l’objet de son propre article.

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    1. Merci beaucoup ! C’est, effectivement, une citation que j’apprécie beaucoup ! Sa source serait, semble-t-il, une correspondance de ce bon vieux savant russe, datée de 1911. Ce serait cool si je réussissais à mettre la main dessus (mais je ne lis pas le russe, l’intérêt paraît donc limité, il est vrai…).

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  3. Un article qui m’a beaucoup intéressé et j’ai hâte de lire a suite.
    Il me reste cependant une petite question suite à ma lecture de Spin (merci). Dans ce roman, Wilson fait dire à un de ses personnages :
    « « Pourquoi y en a-t-il autant [de fusées]?
    — Écopoïèse à la chevrotine. »
    Elle a ri de manière un peu réprobatrice. « C’est une des expressions de Jason ? »
    Non, du moins pas vraiment. Le terme « écopoïèse » avait été formé par un dénommé Robert Haynes en 1990, à une époque où la terraformation, alias écogenèse, restait une science purement spéculative. Techniquement, il désignait la création d’une biosphère anaérobie autorégulée là où il n’en existait aucune, mais dans son usage moderne, le mot désignait n’importe quelle modification purement biologique de Mars. Verdir Mars faisait intervenir deux genres d’ingénierie planétaire : une terraformation sommaire, afin d’élever la température de surface et la pression atmosphérique à un niveau acceptable pour le développement de la vie, et une écopoïèse : l’utilisation de vie microbienne et végétale pour conditionner le sol et oxygéner l’air. »
    Si je comprends bien, il y a deux étages : terraformation puis écopoièse. Mais dans Wikipedia, ce terme serait une étape de la terraformation. Tu peux éclairer ma lanterne ?
    (Après si tu en parles dans tes futurs articles, je peux attendre)

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    1. Dans les deux cas, l’écopoïèse est une étape.
      L’idée est simple : 1/ rendre une planète propice à la vie (terraformation sommaire) ; 2/ développement d’un écosystème stable et dynamique, en commençant par la vie microbienne.
      Je développerai cela ooyr chaque astre, en relevant le côté casse-gueule des processus en question. Prends le développement d’une vie végétale simple pour augmenter l’O2 ; cela participe à la diminution du CO2 sur Mars. Effet de serre moindre : refroidissement : mort de la vie végétale. Je simplifie grandement !

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  4. Excellent article, très bien documenté et complet. Bravo!
    Je ne sais pas si tu t’intéresses aux jeux de société mais il existe un jeu sur le sujet: Terraforming Mars avec une extension sur Vénus. Le jeu est inspiré par les romans de Kim Stanley Robinson et il faut terraformer Mars en lui donnant la température idéale, des océans et le niveau d’oxygène idéal. Il y a pas mal de possibilités dedans et c’est vraiment très sympa.

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  5. Alterran

    Très bel article, merci beaucoup!! C’est un sujet qui me passionne pas mal, je suivrai avec attention la suite.
    C’est également un thème très présent dans bon nombre de jeux vidéos (Stellaris, Endless space, Beyond earth, Ogame)

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    1. Merci pour ton commentaire !
      C’est, effectivement, un thème très présent sur de nombreux médias, y compris les jeux vidéos. J’ai pris la liberté de me borner à la seule littérature, afin de ne pas m’éparpiller excessivement.
      Prends le cinéma, un film comme Man of Steel : la terraformation (ou « kryptonformation », si je puis dire) tient un place importante dans « l’intrigue ».

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      1. Alterran

        En effet, c’est un thème que l’on retrouve plus souvent qu’on ne le pense. Typiquement un concept que le nom fait fuir (pour le commun des mortels on va dire) mais d’on tout le monde devine le fonctionnement

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