Bonjour à tous !
Dans la continuité de mon précédent article, et profitant de la sortie en Early Access de Baldur’s Gate 3, vous trouverez ci-dessous un aperçu de la préhistoire de Féérune (le principal continent des Royaumes Oubliés, si vous êtes curieux à propos des autres continents, c’est par ici que ça se passe) ! Préhistoire n’est peut-être pas un terme pertinent ici, mais vous saisissez l’idée : il n’y a pas d’histoire humaine, ni même d’histoire elfe. Il s’agit de l’Âge de l’Aube, l’époque succédant aux Jours du Tonnerre et à la chute des races créatrices. Une époque où les dragons et géants dominaient le continent, sans partage ni opposition à leur hégémonie.
Le Temps des Dragons
Les batrachis, une des races créatrices, étaient des génies de l’invocation. Dans un geste téméraire, alors qu’une guerre intense faisait rage contre les géants et titans, ils se décidèrent à invoquer un ancien primordial du nom d’Asgorath. Ce dernier accepta d’aider les batrachis, en échange de pouvoir amener ses enfants à la surface de Toril.
Ces enfants, tombés des cieux en une pluie destructrice de météorites, sont bien connus de tous : les dragons.
La domination des dragons ne fut pas immédiate : ils devaient grandir, et se reproduire, avant cela. Mille cinq cent ans environ après leur apparition, et après avoir soigneusement démantelé le dernier empire des Races Créatrices -celui des Aearees-, grâce notamment à l’action d’un dragon surpuissant nommé Nagamat, ces derniers se proclamèrent maîtres du monde.
Il ne s’agissait pas de la proclamation grandiose d’un mégalomaniaque ayant perdu contact avec la réalité, mais du constat s’imposant aux dragons : personne ne pouvait s’opposer à leur règne. Les races créatrices existaient toujours (c’est d’ailleurs à cette époque que les Ba’etith, une société secrète composée de membres des races créatrices, créèrent les Peaux d’Or du Serpent-Monde, plus tard connus sous le nom de Parchemins Néthères), mais leurs empires étaient défaits, gisant au sol et condamnés à l’oubli.
Pendant cette ère de domination complète, les Cieux eux-mêmes connurent leurs tourments : d’un côté, les dieux elfes se faisaient la guerre, Araushnee (la future Lolth) terminant du côté des perdants et étant jetée dans les Abysses, Annam quant à lui s’était enamouré d’une demi-déesse locale, Othéa. De cette union naquit huit enfants. Annam, en père attentionné, s’assura qu’une place de choix soit garantie à ses enfants sur terre. Nous y reviendrons.
Ces tourments divins, bien sûr, ne menaçaient pas vraiment (dans l’immédiat…) les dragons et leurs empires. La menace était plus pernicieuse : dans les idéologies et les divisions entre dragons.
Les Guerres Saintes Draconiques
En 29.500 CV, les suivants d’un dieu draconique nommé Xymor (plus tard connu sous le nom de Bahamut) assassinèrent Nagamat.
Cet assassinat fit l’effet d’une explosion, provoquant un conflit religieux entre les suivants de Xymor et ceux de Tiamat.
Il convient de préciser qu’à cette époque fort lointaine, les dragons connaissaient la ferveur et le zèle religieux (ce qui leur est passé depuis bien longtemps, aux temps modernes).
Ce conflit religieux est difficile à décrire tant on sait peu de choses sur lui. Il fut violent, bien sûr, mais la chose la plus remarquable est que ce conflit est toujours en cours à l’heure actuelle et oppose toujours Bahamut à Tiamat ! Il n’est pas compliqué, non plus, de deviner les lignes de division entre dragons métalliques et dragons chromatiques, et la haine réciproque et tenace qui relève désormais de l’atavisme plus que du conflit idéologique.

Cette guerre de religion et les ravages induits ne suffirent pas à mettre fin au règne des dragons, même s’ils furent affaiblis de ce seul fait.
Les Empires Géants
Le Royaume Colossal, ou royaume des Géants ou Ostoria pour les intimes, fit son apparition et se développa pendant cette période. Fondé par Annam en l’honneur de ses divins enfants, il finit par s’étendre à son sommet en -28.000 CV d’un bout à l’autre de Féérune, de la Damarie/Vaasa jusqu’au Bief de Vilhon. On y trouve également des colonies et implantations au niveau de l’Epine Dorsale du Monde et du Valbise.
Une chose apparaît en creux, ici, à savoir que le destin des géants et de leurs royaumes semble être intimement lié à celui de leurs géniteurs.
Et quels géniteurs ! Othéa, la mère de la race des géants, avait sans doute de nombreuses qualités ; la fidélité conjugale n’était pas l’une d’entre elles. Pendant des siècles, Othéa coucha à droite et à gauche avec diverses puissances, dont les plus notables sont indubitablement Vaprak et Ulutiu. Un article sera dédié, un jour, à la fertilité hors norme de cette déesse et à ses très, très, très nombreux enfants.
Et les fées?
Des dragons, des géants, la fin des races créatrices : tout cela est bel et bien bon, mais quid des fées? N’étaient-elles pas une des races créatrices, et même si elles n’ont jamais eu d’empires grandioses, sait-on ce qu’elles sont devenues pendant cette période troublée?
Vous l’aurez deviné, la réponse est positive : les fées étaient toujours sur Toril, se faisant discrètes et manoeuvrant en coulisses. A partir de -27.000 CV, et pendant les millénaires qui suivirent, les fées s’amusèrent à ouvrir des portails entre Toril et d’autres mondes. C’est par ce biais que les premiers elfes immigrèrent sur Toril. C’est à cette très lointaine époque que le premier royaume elfe fit son apparition, après des négociations avec les seigneurs dragons. Ces premiers elfes se nommaient les Ilythiiris. Ces elfes étaient de la sous-race des elfes verts, ou Sy-tel-quessir (plus tard connus sous le nom d’elfes des bois) , accompagnés de ly-tel-quessir (ou lytharis, des « elfes-garous » si je puis dire) et les Aril-Tel-Quessir (ou avariels, dont Aerie est la représentante la plus connue pour ceux qui ont joué à Baldur’s Gate 2).
Ce n’est que quelques millénaires plus tard, en -25400 CV environ, que les hauts-elfes (avec deux sous-races, les elfes dorés et les elfes de lune) immigrèrent, fuyant la fin catastrophique de leur Royaume de Tintager situé dans la Féérie. Ce sont ces immigrés qui nommèrent le continent sur lequel ils mirent pied « Féérune ».
La Guerre de Mille Ans
Pendant que les elfes tâtonnaient dans ce monde inconnu, essayant de survivre avant de prospérer, les dragons et les géants étaient trop occupés pour se soucier de ces nouveaux arrivants (si petits, de toute façon, qu’ils ne pouvaient guère représenter une menace, n’est-ce pas?).
En effet, d’un conflit de territoire entre dragons et géants, on arriva à un conflit total et mondial entre deux races surpuissantes et leurs panthéons respectifs. Cette guerre a été cataclysmique pour les deux races, aboutissant non pas à la victoire de l’un ou l’autre des belligérants mais à un match nul à la suite de l’épuisement complet des deux camps. La rage génocidaire de chaque camp a laissé des séquelles, et plusieurs dizaines de milliers plus tard, l’inimitié entre géants et dragons reste très forte.

D’après les légendes, cette guerre trouva une résolution surprenante : Annam, le Dieu des Géants, et Garyx, un des principaux dieux du panthéon draconique, s’opposèrent dans une partie de jeu d’échecs (ou un ersatz). L’enjeu? La victoire finale. Le résultat? Match nul…
Cela s’est-il réellement passé? Ou n’est-ce qu’une parabole? Personne ne peut le dire avec certitude.
La Fin du Temps des Dragons
Les géants ne sont plus que l’ombre de ce qu’ils étaient. Les dragons, quant à eux, restent individuellement puissants malgré les ravages de cette guerre génocidaire.
C’était sans compter le coup final, venant, cette fois-ci, des elfes.
En effet, pendant les siècles écoulés, les elfes ont prospéré sur le continent et, croissant à l’ombre des géants et des dragons, se décidèrent à une action aussi radicale que nécessaire : créer un artefact rendant les dragons fous à intervalles réguliers, les poussant à tuer leurs congénères, leurs jeunes et à se déchirer. Ainsi était né le Mythal de la Dracorage. Le but? Eviter d’anéantir totalement les dragons, mais s’assurer qu’ils ne puissent plus fonder une civilisation durable en les poussant à l’isolement. Tout groupe de dragons finirait par s’entretuer lorsque le Mythal s’active, un moyen cruel, mais simple, d’éviter une hégémonie complète des dragons sur le continent.
L’emplacement du mythal était secret, mais certains dragons en eurent vent malgré tout. Une expédition draconique massive fut dépêchée pour empêcher l’utilisation du funeste artefact. Quasiment l’entièreté de la race des avariels se sacrifia pour repousser cette croisade, avec succès. Les avariels ne se sont jamais remis, démographiquement, de ce sacrifice. Mais cela n’aura pas été en vain : l’âge des elfes, puis des autres humanoïde, aura été rendu possible par leur intervention aussi héroïque que désespérée.
Et les kobolds?
Les civilisations draconiques devinrent de l’histoire ancienne, mais les dragons ne furent pas les seuls à souffrir de ce coup du sort : les kobolds et les urds en firent également les frais. Créés à l’image des dragons (selon les kobolds…) pour les servir, les kobolds avaient à cette époque un Empire du nom de Darastrixhurthi, et dirigés par le premier des kobolds, un ensorceleur du nom de Kurtulmak. Leur empire s’étendait à la surface mais surtout sous terre, les kobolds étant surtout et avant tout des mineurs. Vers la fin du Temps des Dragons, les kobolds firent une découverte insolite : une immense caverne, contenant de nombreuses pierres précieuses -les âmes des gnomes-. Hélas pour les kobolds, la première Dracorage conduisit à l’oblitération complète de cet Empire des propres mains de leurs maîtres draconiques devenus fous. Au même moment, alors que tout brûlait, les gnomes réduits en esclavage fuyaient. Garl Brilledor, le Dieu Gnome, fit s’effondrer l’ensemble des souterrains du Royaume Kobold, tuant la plupart des kobolds et emprisonnant Kurtulmak. Les urds (les cousins ailés des kobolds), pendant ce temps, suivirent leur leader Kuraulyek. Ils abandonnèrent leurs cousins terrestres pour fuir et se cacher le temps que la crise passe.
Selon les légendes kobolds, Asgorath le Faiseur de Mondes ressentit de l’empathie pour les kobolds, victimes de la folie de leurs maîtres. Il fit, en réparation, de Kurtulmak et de Kuraulyek des dieux. De là vient la haine de Kurtulmak pour Garl Brilledor, et des kobolds pour les gnomes. De là, aussi, vient le mépris et la colère de Kurtulmak pour son homologué ailé, le lâche Kuraulyek.
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