Le seasteading, qu’est-ce que c’est?

Ces dernières semaines, vous avez peut-être eu l’occasion de voir passer une ou deux informations relatives à un projet au nom peu évocateur : le seasteading.

Avant de songer à questionner la faisabilité de ce projet ou son idéologie sous-jacente, que j’explorerai dans deux articles ultérieurs, il me paraît essentiel d’avoir l’esprit clair sur ce qu’est ou n’est pas le seasteading. Ce sera l’objet du présent billet.

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Le seasteading a pour objectif de bâtir des villes flottantes autonomes disposant de modalités de gouvernance innovantes. Ces cités flottantes seraient modulaires, et permettraient à chacun de choisir sa communauté d’appartenance.

L’idée, en soi assez simple à résumer, paraît pourtant relever de l’aimable utopie d’un rêveur invétéré.

Ce projet est animé par le Seasteading Institute, fondé par Peter Thiel -un riche entrepreneur américain ayant fondé Paypal avec un certain Elon Musk et, plus récemment, ayant soutenu Trump en 2016- et Patri Friedman -activiste libertarien, fils de David Friedman et petit-fils de Milton Friedman, excusez du peu-.

Pour tout vous dire, ce projet me paraissait condamné à rester lettre morte, faute de soutiens financiers et d’options politiques -à supposer, même, que le problème de la faisabilité technique soit surmontée-.

Visiblement, j’ai eu tort. En effet, en janvier 2017, la Polynésie Française et le Seasteading Institute ont signé un « protocole d’entente ». Au terme de ce protocole, le Seasteading Institute va avoir la possibilité de bâtir un prototype flottant de 7500 m². Le problème politique, qui me paraissait insurmontable, peut donc être désormais sérieusement relativisé, même si tout n’est pas encore réglé. Le choix paraît, d’ailleurs, pas trop mauvais : la Polynésie Française bénéficie du haut débit et n’est pas excessivement éloigné des USA.

A cette occasion, une société commerciale a été constituée : Blue Frontiers.

A ce stade, donc, le Seasteading passe à une nouvelle phase et va devoir négocier le passage délicat de la pure théorie à la mise en oeuvre.

Les défis à relever vont être nombreux, et le chemin va encore être long avant de pouvoir passer ses vacances sur une ville flottante au large des îles polynésiennes.

A cette fin, Blue Frontiers aura pour rôle (i) de proposer un modèle économique viable, (ii) de négocier des accords juridiques permettant un développement harmonieux du seasteading et (iii) de trouver des solutions techniques aux problèmes soulevés par l’idée d’un habitat humain permanent sur l’océan.

Le début d’une éventuelle construction devrait prendre place en 2018/2019, si tout va bien. J’ai crû comprendre que, parmi les partenaires clés du Seasteading Institute, on pouvait notamment citer DeltaSync, spécialisés dans la construction de bâtiments aquatiques. Je vous signale ce point car ces derniers ont déjà pu s’essayer à la construction de bâtiments flottants, nous donnant de possibles indices du design final du futur village flottant.

Pour en revenir à l’objet de ce billet, à savoir la définition du seasteading, on peut dire qu’à l’heure où j’écris ces lignes, le seasteading a trois composantes :

  • une composante matérielle, qu’on peut résumer de la façon suivante : habitat humain permanent sur l’océan ;
  • une composante politique, à savoir offrir la possibilité aux gens de vivre à un endroit conforme à leurs idéaux, et d’y expérimenter de nouvelles formes de gouvernance. L’objectif : mettre fin au monopole de l’Etat sur la gouvernance, questionner le concept même de citoyenneté et ainsi mettre les Etats en concurrence pour attirer lesdits citoyens ;
  • une composante scientifique : le seasteading est bien parti pour devenir un avant-poste des océanographes, biologistes marins, architectes, spécialistes en matériaux innovants ou en énergie marémotrice…

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