La série The Witcher, saison 1 : plus de peur que de mal !

Bonjour à tous !

Peut-être avez-vous, par le plus grand des hasards, entendu parler du phénomène The Witcher, qu’il s’agisse des livres (le Sorceleur, en français, par l’auteur polonais Andrzej Sapkowski), ou des jeux vidéos (The Witcher 3 : The Wild Hunt est, disons, plutôt apprécié).

C’est avec une joie mêlée d’appréhension que nous avons pu apprendre que The Witcher allait être adapté en série. Joie, naturellement, de pouvoir (re)découvrir notre joyeux Geralt de Riv et l’univers développé par Andrzej Sapkowski. Appréhension, aussi, de voir ledit univers ruiné par Netflix et des américains ne comprenant rien à rien, et salopant le travail aussi bien de l’auteur que de CD Projekt Red. Quiconque ayant vu le Death Note produit par Netflix ne peut que comprendre la peur ayant saisi le coeur du pauvre internaute désemparé.

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Le Casting

Je ne suis pas original, hélas. Oui, je connaissais déjà The Witcher. Oui, j’adore Geralt de Riv, Yennefer, Triss, Jaskier et tout l’univers développé autour d’eux. Oui, je partageais l’appréhension qui faisait frémir internet -sans participer à la critique, tant je déteste critiquer pour critiquer, préférant attendre le résultat final avant de trancher-.

Admettons, tout de même, que le casting pouvait interpeller.  Henry Cavill en Geralt de Riv? Mais il est trop propre, trop lisse, davantage taillé pour tourner dans une comédie romantique en tant que gendre idéal que pour incarner un Geralt de Riv tout en nuances ! J’étais de la team Mads Mikkelsem, tant il semblait idéal pour le rôle. Quant à Yennefer, qui est sans doute un des personnages fictionnels féminins que j’apprécie le plus, j’étais on ne peut plus circonspect en voyant Anya Chalotra, que je ne connaissais pas, mais qui m’avait tout l’air d’être une adolescente : Yennefer est une femme, elle ne peut être joué par une personne au physique si juvénile ! Hérésie, trahison, infamie !

Au final, vous savez quoi?

D’une (relative) hostilité, je suis passé à une véritable adhésion. Le casting était le bon. Les mauvaises langues ont eu tort.

J’ai vu quelques critiques sur le jeu d’Henry Cavill, qui serait trop maussade, ou ne réussirait pas à saisir telle ou telle subtilité. Soyons objectif (je suis toujours objectif) : franchement, il s’en sort plus qu’honorablement. Il a compris le personnage. Il en présente une incarnation tout à fait crédible, et je pense même pouvoir dire que son interprétation de Geralt est une des grandes forces de la série. Il eût pu tomber dans le piège du taiseux insipide, où l’absence de réactions fortes vient se transformer en absence de jeu d’acteurs : il réussit, au contraire, à nous distiller juste ce qu’il faut d’ironie mordante, de cynisme et d’émotions pour rendre Geralt attachant -et bien retranscrire ce qui fait tout le charme de ce personnage-.
Pour l’anecdote, j’ai eu envie de faire mon taiseux charismatique à la suite du visionnage. Ce fut un échec retentissant. A tout le moins puis-je dire que, bien qu’hétérosexuel convaincu, Henry Cavill en Geralt m’a poussé à des questionnements que, jamais ô grand jamais, je n’aurais pensé possible.

Yennefer m’a également convaincu. L’aspect juvénile que je redoutais, je ne l’ai pas perçu. Le côté cassant, lui, était bien là. Anya Chalotra a fait le job, et elle a fait du plutôt bon travail. Ce n’était pas gagné, tant il peut être difficile de conquérir les coeurs et les esprits quand ces derniers sont sceptiques, voire hostiles.

Le reste du casting m’a également paru adéquat, avec un Jaskier cabotin qui m’a charmé -le filou- (même si sa putain de chanson Toss a coin to your witcher est un piège ignoble, puisque vous vous surprenez à avoir cet air tourner en boucle dans votre esprit après l’avoir entendu), un Vilgefortz que j’attends avec impatience dans la prochaine saison, une Tissaia de Vries parfaite pour le rôle, et une Fringilla très intéressante (et qui ne mérite pas les polémiques débiles que la culture war américaine sait parfois susciter).

Le visuel

Un autre gros point fort de la série, mais aussi, dans le même temps, son gros point faible. Elle a été tournée en Hongrie et en Pologne. Et, sincèrement, les paysages sont magnifiques, comme en attestent les nombreux coups de coude donnés par ma partenaire particulière qui s’exclamant « regarde, c’est super beau ! ».

Les décors intérieurs, quant à eux, présentaient des visuels intéressants. Rien de transcendant ou remarquable, mais rien non plus nécessitant de critiquer ou de trouver à y redire.

L’éclairage, le cadrage, l’enchaînement des plans : rien de frénétique, sans sombrer dans la léthargie. J’ai trouvé la chose maîtrisée.

Les combats sont efficaces : nous ne sommes pas perdus dans l’action, c’est violent, sanglant, sans en faire des tonnes, cela va droit au but et cela me plaît.

Un visuel de qualité, en somme.

Oui, sauf que, parfois, et inexplicablement, ces qualités indéniables s’évaporent. Je repense, notamment, à une scène -impliquant un dragon-, qui n’aurait pas juré dans un téléfilm de fantasy des années 1990. Ou les amazones dryades, qui semblent avoir été invoquées d’un épisode spécial de Xena la Guerrière. Cette baisse soudaine de qualité surprend un peu, mais n’est, heureusement, pas assez régulière pour devenir rédhibitoire.

Une petite parenthèse : j’ai beaucoup aimé un détail minuscule, anodin et très secondaire. Au début de chaque épisode, un signe (qui symbolise l’épisode) est montré à l’écran, rappelant dans sa coloration et son style le pendentif porté par les sorceleurs. J’aime leur style, j’aime l’idée, et j’aime ce qu’ils en ont fait. C’était un détail, bien sûr, mais c’est dans cette attention aux détails qu’on peut percevoir l’envie de bien faire des créateurs, et cette envie, ici, est indéniablement là.

Le scénario

On reste, là encore, dans le classique, puisque la série retrace les deux premiers livres de la saga. Ces livres, dois-je le noter, se présentent sous la forme d’une succession de nouvelles, et les liens d’une nouvelle à l’autre ne sautent guère aux yeux a priori. Ce format, assez épisodique, on le sent dans la série. C’est devenu un peu inhabituel de voir un tel format, mais on s’y habitue très vite, n’ayez crainte.

Là où j’ai eu une crainte après le visionnage, c’était indéniablement sur la structure de la série. Je l’ai, pour ma part, aimé. Vous allez suivre trois arcs narratifs, un centré sur Geralt de Riv, un sur Yennefer de Vengerberg, et un sur la jeune Cirilla. Ces trois arcs narratifs se passent à des moments différents, avant de converger vers la fin de la saison. Ma crainte était qu’une personne n’ayant jamais lu les livres, voire ne connaissant pas du tout l’univers de The Witcher ait du mal à suivre et comprendre quand se passait chaque intrigue. Bref, que le spectateur soit dérouté. Surtout que très peu d’indices permettent de situer temporellement les arcs narratifs les uns par rapport aux autres pendant pas mal des épisodes de la série.

Cette crainte était, semble-t-il, exagérée. Bien que déroutant, les gens ont réussi (à ma connaissance) à raccrocher les wagons ensemble et à suivre. C’était un écueil que l’on pouvait craindre : cet écueil a été évité. Reste la construction du récit, qui est tout à fait maîtrisée, et correspond au thème principal de cette saison : la Liberté contre la Destinée.

Chaque arc narratif se concentre sur les aventures d’un personnage, l’on voit ses choix, on suit ses doutes. Les époques sont différentes, les contextes sont différents, les contraintes pesant sur chaque personnage sont différentes (quoiqu’au fond, chacun se retrouve confronté aux mêmes problèmes : trouver sa place, surmonter le rejet des autres, réussir à prendre en main sa propre destinée). Mais ces arcs s’entremêlent, ils sont tissés ensemble, et nous, spectateurs, nous pouvons discerner la toile plus vaste que les protagonistes de la série ne peuvent percevoir : leurs fuites, leurs mésaventures, leurs combats les mènent les uns vers les autres, peu importe qu’ils le veuillent ou non, peu importe qu’ils en aient ou non conscience. La Destinée me paraît contenue dans cette construction narrative, et avec le recul, je vous avoue apprécié le travail derrière cette série.

 

En verdict, je tiens à rappeler qu’il s’agit d’une saison de genèse, d’introduction. Si je devais me risquer à prédire l’avenir (car, en plus d’être objectif, je suis aussi devin), je pense pouvoir dire que la saison 2 sera celle où la série va exploser (que ce soit en plein vol, ou en terme de popularité). Si la maîtrise des ambiances et de la narration reste aussi bonne, qu’il y a quelques efforts mis sur certains costumes & effets spéciaux, et que les acteurs restent aussi bons, je ne vois aucune raison pour que la série ne devienne pas culte, à terme.

Sans attendre la saison 2, je vous confirme qu’à mon sens, vous pouvez prendre le risque de visionner cette saison 1, et qu’il y a de fortes chances que vous passiez un bon moment. Un avertissement pour les fans hardcore des jeux vidéos : la série se passe bien avant les jeux, avec un Geralt plus jeune, et elle a sa propre identité. Il ne faut pas s’attendre à voir un copier-coller des jeux. Il ne faut pas, non plus, vouloir à tout crin y voir un nouveau Game of Thrones (surtout que beaucoup de critiques me paraissent comparer cette saison 1 avec l’ensemble de la série GoT ; il eût été plus rigoureux de comparer avec la saison 1 de GoT uniquement, ce qui aurait permis de sérieusement relativiser les critiques…).

Pour aller plus loin :

l’ours inculte a fait une critique de cette série, et je partage son avis à 99% !
Le Culte d’Apophis, qui vous propose une revue du premier livre de la saga littéraire The Witcher.

5 réflexions sur “La série The Witcher, saison 1 : plus de peur que de mal !

  1. Toss a coin… Raaah ça y est je suis bonne pour me refaire la version de 10 heures en boucle -_-

    Je plaisante, merci pour cet article ! J’ai beaucoup apprécié la série aussi et j’ai hâte de voir la suite. Je pense que je lirai les livres d’ici là pour patienter – mais je ferai sans doute en sorte de ne lire que les parties adaptées par la série. Si j’en lis plus, j’aurais peur de ne pas apprécier autant l’adaptation ensuite.

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