Le Worldbuilding, qu’est-ce que c’est?

Bonjour à tous !

Comme promis dans mon article sur mes mes projets pour 2018, je vais commencer une nouvelle série sur le worldbuilding ! Certains, parmi ceux qui me suivent avec attention, pourraient s’interroger sur le point de savoir quand va arriver mon second article sur les missions d’exploration du système solaire ; ce à quoi je ne peux donner qu’une réponse : quand j’aurai fini.

Le worldbuilding, qu’est-ce que c’est?

C’est un mot anglais plutôt transparent qui évoque la construction de mondes. Ces mondes, bien entendu, sont nécessairement imaginaires. Tout auteur de fiction ayant déjà écrit de la SFFF (Science-Fiction, Fantasy, Fantastique) a déjà, même à son insu, fait du worldbuilding.

Le worldbuilding, c’est un processus créatif un peu particulier qui ne se confond pas avec la narration d’une histoire dans un monde imaginaire. Je vais vous fournir un exemple tout bête, pour vous aider à saisir la différence : quand vous écrivez, vous pouvez développer le monde en même temps que vous développez l’histoire et les personnages, ou alors vous pouvez d’abord créer le monde, puis y intégrer une histoire : le processus créatif n’est pas le même. Ce n’est que dans le second cas, vous êtes en présence de worldbuilding à proprement parler.

Dans ce tout premier article, je vous propose de nous interroger sur l’utilité du processus de worldbuilding, sur les méthodes envisageables à cette fin, sur les éléments à distinguer pour construire un monde (et qui sera, je l’annonce, mon programme pour la suite de la série).

Alors, prêts? C’est parti.

Le worldbuilding, pour quoi faire?

Pourquoi inventer un monde? Cette question paraît incongrue dès lors que l’on se positionne comme auteur de littérature imaginaire ; c’est pourtant une question que l’on ne saurait éviter.

Que recherchez-vous dans la fantasy, la science-fiction, le fantastique? Est-ce l’exploration d’idées incongrues ou nouvelles, le questionnement technique et philosophique sur de nouvelles technologies, sur notre place dans l’Univers, sur la guerre, le racisme ou que sais-je? Dans ce cas, le worldbuilding n’est pas une fatalité.

Greg Egan, pour ne citer que lui (oui, je l’aime bien), n’est pas un adepte forcené de la construction d’univers imaginaires (même s’il en est tout à fait capable, surtout si cela permet d’illustrer telle ou telle idée, j’y reviens plus bas) : son oeuvre n’a pas pour objet de s’émerveiller devant les mystères d’un univers construit avec soin, mais de nous interpeller sur les potentialités de telle ou telle technologie, ou sur un concept dont il développe les conséquences et ramifications. Cela implique-t-il que son oeuvre soit, globalement, d’une qualité inférieure, ou devrait susciter moins d’intérêt? Absolument pas.

Par contre, si vous cherchez à être émerveillé en découvrant un univers vaste, cohérent, détaillé et crédible (dans son propre référentiel), vous êtes, même sans le savoir, un amoureux du worldbuilding.

De la même façon, en tant qu’auteur, vous pouvez vous questionner sur votre rapport à la création. Cherchez-vous à explorer des idées? Raconter des histoires? Ou développer un monde en expansion constante, vous donnant presque le statut de démiurge sur votre oeuvre (à moins que ce ne soit cette dernière qui n’échappe à votre contrôle pour finir par vivre sa propre vie !)?

Réfléchissez aussi à la façon dont vous écrivez vos histoires : les décors et le monde sont-ils découverts au fur et à mesure que vous écrivez (c’est, me semble-t-il, la façon de procéder d’Ursula K. Leguin) ou allez-vous travailler un univers avant de songer à y raconter la moindre histoire?

Les deux démarches créatives sont valables, je tiens à être limpide sur le sujet. Dans le cadre de la seconde démarche, toutefois, vous allez nécessairement vous interroger, même sans le savoir, sur le worldbuilding : par où je commence? Qu’est-ce que je dois décrire?

Même sans vouloir le pratiquer soi-même, il peut être intéressant d’en avoir une vague connaissance : cela permet de mieux comprendre le champ artistique contemporain, qu’il s’agisse de cinéma, de BD, de mangas, de jeux-vidéos, de livres, de jeux de rôles : il est courant de constater que les auteurs ont tendance à créer de toutes pièces un univers, avec une histoire fictive, des cartes réalisées soi-même (et l’immanquable débat de savoir si c’est utile, ou non), une géographie fictive…

Combien d’oeuvres s’étalent sur des cycles entiers? Avec des sequels, des prequels, des participations d’autres auteurs qui vont participer à l’extension d’un univers étendu? Combien d’oeuvres se voient même adjoindre des annexes ou des glossaires, là uniquement pour satisfaire la curiosité du lecteur non pas sur l’histoire racontée mais sur le monde en lui-même? Je l’ignore. Beaucoup, assurément. Comprendre les clés du worldbuilding permet de partager les questionnements qui ont nécessairement agité l’auteur au moment de la conception de son monde imaginaire.

J’ajoute même, mais c’est là une position très personnelle, que s’intéresser au worldbuilding et à la création de mondes imaginaires est une excellente méthode pour maintenir sa curiosité en éveil…sur notre monde réel !

C’est incroyablement stimulant que de se poser des questions fondamentales comme la création d’un système solaire crédible : essayez d’y penser, et vous ne pourrez que constater que vous n’aurez pas d’autres choix que d’explorer comment fonctionne notre réalité. De la même façon : vous voulez créer une langue imaginaire (supposons-le, du moins). Essayez de songer à comment vous allez faire : immanquablement, vous allez vous poser des questions de linguistique, que ce soit de phonétique, de phonologie, de syntaxe, de grammaire ; vous élargirez en vous demandant si la langue crée la façon de penser ou l’inverse, en vous demandant comment une langue évolue et ainsi de suite. Dernier exemple, et j’arrête-là : vous voulez faire une carte crédible d’un lieu imaginaire. Si c’est une ville, vous vous intéresserez nécessairement aux villes du monde réel à différentes époques et à l’architecture ; si c’est d’un continent dont nous parlons, vous vous demanderez forcément où placer vos montagnes, forêts, déserts, rivières, comment découper vos littoraux etc. Ces questions-là, si vous voulez faire les choses proprement, vous amèneront sur des sentiers surprenants !

 

Le worldbuilding : par où je commence?

Pas évident, de se créer une mythologie personnelle, d’inventer un monde vivant et crédible. C’est une tâche immense, complexe : tout est relié à tout, et réciproquement.

Il n’y a pas cent cinquante façons de faire pour commencer à travailler sur la conception d’un univers fictif. En fait, j’en dénombre principalement deux.

Vous avez l’approche ascendante (bottom-up) ou l’approche descendante (top-down).

Ces deux approches se rapportent à votre démarche intellectuelle.

Dans l’approche descendante, vous allez, dans votre processus de création, partir du plus général pour arriver au particulier. C’est une méthode rigoureuse, de déduction, où vous posez un cadre, puis des sous-cadres, et vous détaillez toujours plus.

Dans l’approche ascendante, vous allez partir d’un ou plusieurs cas particuliers, pour induire le reste. C’est une méthode qui me paraît plus organique : vous avez une graine, et vous voyez où cela vous mène.

Je vais fournir deux exemples concrets et archétypaux de chaque approche.

  • Vous voulez créer un univers imaginaire avec une approche descendante.La toute première question à se poser, c’est celle des lois physiques (et magiques, le cas échéant) régissant votre univers.
    A priori, si vous écrivez de la science-fiction classique, les lois physiques en cause seront identiques à l’univers réel.
    Si vous voulez faire (très) original, vous pouvez envisager de changer les lois physiques (comment ne pas citer Flatland? ou Orthogonal, de Greg Egan?). Mais, même sans être original et en gardant les lois physiques de notre univers, vous allez nécessairement vous poser une paire de questions à ce stade (par exemple, peut-on voyager plus vite que la lumière, et si oui comment? Ou alors, comment fonctionne la magie, quelles en sont les lois?).Cette question (et ses corollaires) vient, à mon sens, nécessairement en premier, car la réponse va influencer tout le reste.Ensuite, vous allez vous pencher sur la cosmologie (ou la cosmogonie).Quant à la cosmologie, si cela est pertinent, vous allez vous demander  (liste non exhaustive, qui servira de programme pour mes futurs articles) :

    • dans quelle galaxie vous vous trouvez,
    • où dans la galaxie,
    • autour de quel type d’étoiles (j’ai frôlé le sujet de la classification stellaire dans mon article sur le Paradoxe de Fermi),
    • où se situe la planète par rapport à cette étoile (avec des questions quant à son habitabilité, voire de biochimie envisageable en fonction de la région du système solaire choisie ; on peut aussi se demander si la planète sera gravitationnellement verrouillée, avec des tas de conséquences intéressantes à explorer),
    • d’orbite de la planète (cette dernière peut influencer le monde : une orbite excentrique signifiera que votre planète sera une partie de l’année beaucoup plus chaude ou froide que l’autre partie de l’année ; de même, la distance étoile/planète, la masse du Soleil etc va influencer la vitesse de rotation autour de l’Etoile, bref, vous pouvez vous retrouver avec des années de quelques semaines terrestres)
    • de taille/masse/densité de la planète (une planète particulièrement dense impliquera potentiellement une gravité élevée, avec tout ce que cela implique pour la suite, notamment la faune & la flore ou l’architecture),
    • de la présence (ou non) de lunes (cela pourra être intéressant quand vous réfléchirez aux religions, par exemple),
    • de la composition atmosphérique (je vous jure que cela peut être pertinent, tout dépend du genre envisagé ; un récit de colonisation spatiale peut nécessiter de se poser une telle question !),
    • de l’axe de rotation de la planète (ce qui va jouer sur les saisons et les climats, rien que ça !)…

Quant à la Cosmogonie, qui me paraît un sujet plus logique sur lequel se pencher si vous penchez vers la fantasy, il s’agit de déterminer comment l’Univers (ou le monde) a été créée. En effet, dans un univers où la magie et les dieux existent, vous pouvez décider de ne pas vous borner à vous interroger sur les récits de Création, mais aussi à vous demander ce qu’il s’est vraiment passé.

Prenez le monde de la Terre du Milieu, dont j’évoque la genèse brièvement ici : vous avez une cosmogonie, décrite dans le détail par J.R.R Tolkien dans le Silmarilion.
De même, prenez le Disque-Monde de Terry Pratchett : vous avez une cosmogonie, des lois de la magie, une cosmologie. Ce sont deux exemples emblématiques, je pense, de ce que peut être une bonne cosmogonie.

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La géographie de votre monde est l’étape suivante. Vous allez vous interroger sur les latitudes (les tropiques, zones polaires etc vont dépendre de l’axe de rotation), les vents, la tectonique des plaques, les continents, les montagnes, l’hydrographie, les climats, les biomes…

Vous pourrez même dessiner une carte, une fois ces quelques questions explorées.

La flore et la faune seront ensuite explorées, en partant d’abord de la biochimie applicable à votre monde (qui dépendra des réponses données à l’étape cosmologique), puis en détaillant la biosphère (vous aurez déjà questionné l’hydrosphère, la lithosphère et l’atmosphère) : quels sont les écosystèmes de votre monde? Les créatures et plantes qui vivent dans tel écosystème, comment s’y sont-elles adaptées? Comment ont-elles évolué?

Vous pourrez ensuite vous amuser, si cela vous chante, à détailler telle ou telle espèce, et les relations entretenues entre chacune d’entre elles.

C’est à ce stade que vont se poser des questions passionnantes, du type : à quoi va ressembler un extra-terrestre? Et là, en cherchant, vous constaterez que des gens ont réfléchi sérieusement à la question. Car oui, on peut réussir à deviner sans jamais en avoir vu un ! Cela permet de déterminer pourquoi aucun animal n’a de roues à la place des pattes (et pourquoi c’est très improbable, peu importe où l’on se trouve dans l’Univers), ou de comprendre pourquoi les animaux qui misent sur la vitesse ont probablement peu de pattes (c’est une question de mécanique basique, des principes physiques applicables, encore une fois, partout dans l’Univers).

C’est aussi à ce niveau-là que vous allez aussi réfléchir à vos espèces sentientes.

Enfin, vous avez planté le décor matériel, il ne vous reste plus qu’à détailler le dernier pallier : la culture !

Et là, je ne vous le cache pas, c’est sans doute là que vous aurez le plus de boulot ! Les questions sont infinies, en vrac vous vous interrogerez sur les langages, les structures sociales, la religion, la politique (et les formes de gouvernement), l’histoire, les pratiques sociales (mythes, folklore, vêtements, gastronomie…), les systèmes philosophiques, la technologie, le fonctionnement économique de telle ou telle société…

C’est à ce stade que va se poser la dernière question à se poser dans l’approche descendante : quand arrêter? La passion de détailler le monde est une passion dangereuse puisque (i) elle vous prend du temps et de l’énergie que vous ne consacrez pas à l’histoire, et (ii) vous rendez votre lecteur de plus en plus dépendant de votre propre imagination, avec de moins en moins de zones d’ombres où l’imagination peut s’exciter. Cela n’est pas, à mon sens, une qualité : le mystère a du charme, et celui qui recevra l’oeuvre doit pouvoir y mettre de son imagination, de son âme, pour faire vivre le monde et se l’approprier (Dark Souls, par exemple, a un worldbuilding particulièrement travaillé ; pourtant, tout n’est pas détaillé ou explicite : cette part de mystère excite la curiosité et fait partie du charme de la série).

  • Vous avez un personnage, ou une idée de personnage, que vous appréciez beaucoup (c’est un exemple). Dans ce cas-là, vous allez fort probablement utiliser la méthode ascendante.Mettons que ce soit une sorte de Chaman un peu sauvage aimant à se métamorphoser en animaux.C’est votre point de départ. De là, vous allez vous demander en quoi croit ce chaman, quel est son système philosophique et religieux, s’il est un marginal dans sa société ou non, le milieu dans lequel il vit, les animaux qu’il vénère, son style vestimentaire, son alimentation, d’où vient son pouvoir, comment ce dernier fonctionne, comment ce pouvoir est perçu par les autres cultures, quelles sont, d’ailleurs, ces autres cultures et pays, et ainsi de suite.Puis vous vous rappelez avoir gratté sur un coin de nappe l’idée d’une cité flottante, vous aimeriez bien intégrer l’idée à votre univers fictif.Vous allez donc, encore une fois, vous poser la longue file des questions de « Pourquoi » et de « Comment« . Certaines réponses sont conditionnées à votre point de départ, d’autres ne le sont pas ; enfin, vous verrez que, lorsqu’il y a plusieurs graines plantées, vous allez constater des interactions et des croisements surprenants que vous n’auriez peut-être pas envisagés de vous-même en premier lieu !

J’espère avoir réussi à définir le worldbuilding tout en vous donnant envie d’en découvrir plus !

Le sujet est immense, passionnant, exigeant, et je compte bien revenir très vite sur la question en commençant à explorer, sujet après sujet, les questions à se poser ainsi que les éléments de réponse dont nous disposons ! Bien sûr, je ne suis ni un expert, ni omniscient (la création d’univers, c’est un sujet bien trop vaste pour prétendre maîtriser chacune de ses composantes) : votre participation sera donc la bienvenue pour compléter petit à petit l’ouvrage que je me propose d’accomplir !

Les articles sur le worldbuilding

La Physique

Le Worldbuilding : les lois de votre Univers – Introduction & Voyage supraluminique

Worldbuilding, les lois de votre Univers : une introduction à la magie et au magicbuilding.

La cosmogonie

La cosmologie

Worldbuilding : créer des mondes crédibles, ou comment créer une étoile

Worldbuilding : créer un monde crédible, ou comment créer un système solaire?

Worldbuilding : créer un monde crédible, ou quelques considérations sur l’orbite de votre planète

La géographie

L’écologie

La culture

 

 

17 réflexions sur “Le Worldbuilding, qu’est-ce que c’est?

  1. envolee92

    Article très intéressant !
    Je ne suis pas férue de Worldbuilding dans le sens où je préfère raconter des histoires que créer des mondes nouveaux, mais ça ne m’empêche pas de trouver ça fascinant. Et de toute façon, comme tu le dis, à partir du moment où on fait du SFFF, on en fait forcément un peu, même à son insu. Je lirai cette série d’articles avec un grand intérêt !

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    1. Merci beaucoup pour ce commentaire.
      La chose est effectivement fascinante, et me paraît être un (excellent) prétexte pour se pencher sur une multitude de sujets, que je ne vais pas énumérer tant ils sont nombreux !

      C’est un chantier immense, qui, je le crains, risque de durer quelques années. J’espère réussir à me montrer à la hauteur !

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      1. envolee92

        Oui, je pense que la plus grande difficulté du Worldbuilding, c’est qu’il faut s’intéresser à plein de choses… à tout en fait ! Tout ce qui fait notre monde, son fonctionnement… Je trouve que ça demande une immense culture générale. Après, c’est toujours intéressant aussi de se demander l’intérêt du Worldbuilding. J’ai tendance à penser que pour certains auteurs, c’est un plaisir en soi, mais personnellement je trouve qu’il doit servir le propos du livre.

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  2. Bravo pour cet article! Je remarque que j’ai toujours utilisé l’approche ascendante pour construire mes univers. La méthode descendante m’effraie un peu par l’énorme masse de travail et de connaissance qu’elle requiert; il faut tout explorer, tout expliquer, penser à tout, alors que l’intrigue ne nécessitera de révéler que quelques éléments de ce monde construit en intégralité.
    Mais, qui sait? Cette méthode me sera peut-être utile un jour!

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    1. Merci beaucoup, ça fait plaisir !

      Il n’y a aucune obligation de répondre à toutes les questions ou de tout explorer (au contraire, il faut s’en garder, je pense) : il faut répondre à ce qui est utile pour le monde créé.

      Par exemple, pour la Terre du Milieu, qu’importe de déterminer où se situe la zone d’habitabilité, la classe spectrale de l’étoile, l’axe de rotation etc. La cosmogonie sera plus importante avec, sans doute, la géographie et les aspects culturels.

      De même, pas besoin d’un doctorat dans chaque domaine pour être crédible et réaliste. La crédibilité se situe dans un cadre de référence donné, cadre que l’auteur détermine. Westeros n’a pas un déroulement des saisons conforme à la science telle qu’on la connaît (quoique…des météorologues ont créé des modèles pour expliquer la situation insolite du monde de George R.R Martin !) ; ce n’est pas grave, car c’est crédible et réaliste dans le cadre de l’univers fictionnel en cause ! Le point important, ici, c’est la cohérence : les règles du monde ne doivent pas varier parce que c’est utile pour l’histoire.

      J’aime

  3. Je suis ce que tu appelles une amoureuse des worldbuildings. Je peux pardonner beaucoup de choses dans un roman, si je suis propulsée dans un monde étrange et captivant qui enrichit ma curiosité et mon imaginaire.
    Je n’ai nullement l’intention d’écrire un jour, pourtant, toutes ces questions je me les pose quand je li, ou après la lecture.
    En revanche, je ne suis pas particulièrement adepte dune méthode ou de l’autre, du moment que cela est bien fait. Toutefois, la méthode descendante me paraît la plus délicate, car malgré l’attrait de ce monde, il faut que le lecteur accroche à au moins un embryon d’histoire.
    Pendant un temps certain, la fantasy était nettement orientée dans le worldbuilding ascendant (et souvent limité) – exception Lord of rings. Alors que la SF avait la tendance inverse.
    Je suis enchantée de découvrir de nombreuses oeuvres de fantasy qui prennent le chemin du worlduiding descendant – souvent l’influence des jeux de rôle n’y est pas étrangère. Je citerai quelques auteurs : Erikson, Sanderson, McClellan, Wexler,…

    Je ne classerai pas Egan comme un paragon du worlbuiding en matière de SF, Banks en revanche,….

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    1. Merci pour ton commentaire !
      Les deux méthodes, en vérité, sont complémentaires -l’une n’est pas meilleure que l’autre-.

      Tu peux créer le monde, et de nombreuses légendes, avant de songer à y raconter des histoires. Le Legendarium de Tolkien préexiste largement à ses oeuvres phares ! Et je crois savoir (mais je peux me tromper) que le Vieux Royaume (Gagner la Guerre, de Jaworski) préexiste à l’histoire !
      Après, un monde génial servi par une histoire médiocre (ou inexistante) risquera fort de ne pas exciter l’imagination, la curiosité, l’envie d’en savoir plus. A mon sens, une oeuvre de fiction peut être réussie grâce à l’alchimie parfaite entre un monde, une histoire et des personnages -et un style, bien sûr, celui de l’auteur, qui va donner goût et chair à tous ces éléments-.

      Quant à Egan, tu noteras que je l’ai cité deux fois : une fois pour démontrer que le worldbuilding n’était pas nécessairement une priorité pour tous les auteurs -qui n’en restent pas moins des références- ; et…je donne l’illustration avec Orthogonal (mais des oeuvres modifiant les lois physiques, j’en connais assez peu, au final).

      Niveau pointure en worldbuilding, en SF, il y a évidemment Banks et la Culture, mais aussi Hyperion, Ringworld de Larry Niven, Alastair Reynolds est pas mal dans son genre, tout comme Neuromancer de Gibson (le style, on n’aime, on n’aime pas, mais niveau esthétique et cohérence du monde dépeint, c’est très très propre).
      Mais, surtout, comment ne pas citer la trilogie martienne de Kim Stanley Robinson (qui est incroyable dans ce domaine, c’est un peu lui qui a motivé mon intérêt initial pour le worldbuilding)? Je le place au panthéon du worldbuilding, très clairement (même si son dernier livre, 2312, m’a quelque peu déçu : des idées intéressantes niveau worldbuilding, mais pas vraiment d’histoire prenante…).

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  4. Voilà un article introductif aussi solide qu’intéressant, ainsi qu’un projet très ambitieux, que je suivrai avec beaucoup d’intérêt. Je me suis moi-même posé beaucoup de questions sur le worldbuilding en SF et en Fantasy (sur le déplacement supraluminique, les races extraterrestres et la planétologie en SF, sur le magicbuilding et les niveaux technologiques en Fantasy), aussi suis-je ravi de voir quelqu’un développer ce sujet.

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    1. Merci beaucoup !

      Il est impossible d’écrire de façon un peu détaillée sur le worldbuilding en SF/Fantasy sans écrire, à un moment ou à un autre, sur le déplacement supraluminique ou sur les lois régissant la magie (et l’importance d’avoir un cadre cohérent de ce point de vue ; je compte aussi faire des ouvertures sur ce que tel ou tel choix peut impliquer pour le développement d’une histoire -au pif, si je prends la Guerre Eternelle, il est évident que les choix faits quant au déplacement supraluminique sont un des piliers fondamentaux de l’histoire-).

      Pour les aliens, je peux d’ores et déjà te garantir que ce sera un (ou plusieurs?) articles très développés (c’est une de mes passions honteuses). Je vais rapidement mettre un petit avertissement pour tout ce qui est anthropomorphisme/amours inter-espèces (Star Trek kof kof) pour aborder des thèmes plus « techniques » (avec des questions toutes bêtes, comme : pourquoi les insectes, les oiseaux et les chauve-souris ont des ailes?) ayant trait à l’exobiologie.

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  11. Lame

    Merci pour ce site et les efforts consentis!

    En tant que fan de JDR sur table, je peux dire que le worldbuilding est un exercice passionnant mais éprouvant dès lors que l’on n’est pas né avec un talent naturel pour cette activité et que l’on vise une certaine qualité. C’est un peu à la manière de la construction d’une langue artificielle. Ou simplement l’apprentissage d’une langue naturelle. La motivation est donc essentielle. A ceux qui souhaite se lancer dans un exercice de worldbuilding, je recommande de se demander savoir pourquoi ils compte le faire, à destination de qui et par quels médias.

    « Pourquoi on le fait » fait référence à l’usage que l’on compte faire de son univers: décor audio-visuel, cadre sociopolitique d’une intrigue, prospective, etc… C’est aussi s’interroger sur les conséquences si l’on s’abstient de mener son projet à terme. « A destination de qui » fait référence aux attentes, aux mêmes, aux poncifs des personnes qui le découvriront: Méconnaître la psychologie de la cible, c’est prendre le risque de produire une effet très différent de celui recherché. Et naturellement présenter une univers en image, en anime, au cinéma ou le décrire au fil d’un roman, ce n’est pas la même chose. Ces questions peuvent paraître dérisoire mais être bien préparé, c’est conserver sa motivation en dépit des obstacles (manque d’inspiration, grippe, problèmes extérieurs, etc…) et être bien orienté, c’est s’épargner un gros investissement personnel dans la conception d’un « univers bleu », un bide qui finira vite sous une pile de livre et vous dégouttera peut-être du hobby.

    Un « univers bleu » n’est pas forcément un univers médiocre mais inadapté au public. Pour donner un exemple personnel, le premier jdr que j’ai conçu était un jdr space opera. En toute modestie, ce n’était ni un plagia, ni un torchon mais il ne répondait pas à l’attente de mes camarades: facilité de recherche de joueurs, possibilité d’utiliser ses personnages favori à différentes tables de jeux. Par la suite, j’ai conçu des univers « communaux » à usage unique, placés dans les « trous » d’univers « bac à sable » le plus souvent Star Wars, Stella Inquisitorus, D&D Dragonstar, etc… Par désir d’originalité puis par confort moral et militantisme, des éléments de mes univers prenaient le contrepied des préjugés courants de ma société. L’univers à succès n’est pas sans défaut ou apprécié par tous: C’est celui qui est présenté au bon endroit, au bon moment, en se concentrant sur les aspects appropriés en fonction des circonstances.

    J’ai depuis toujours un intérêt pour l’histoire, la science-fiction, les systèmes socio-politiques et les hautes technologies. C’est ma curiosité puis la volonté de trouver des solutions à des problèmes sociétaux ou de faire les bons choix stratégiques qui ont guidé mes études. Cela m’a aidé dans mes séances de worldbuilding mais le worldbuilding a rarement ma motivation principale. Pour exemple, j’ai combiné étude et brainstorming pour trouver la façon dont on pourrait mettre en oeuvre concrètement certaines pratiques libertariennes évoquées dans le roman Accelerando de Charles Stross. J’ai imaginé des procédés que j’ai décrit dans le cadre de débat sur l’anarcho-capitalisme. Je les ai mis en scène de manière superficielle dans des parties de JDR ayant pour une des communauté anarcho-capitaliste indépendante afin d’étoffer l’univers (sans valorisation de l’anarcho-capitalisme).

    Je conclurai en signalant que les univers fictifs sont des instruments de propagande permettant de rendre les lecteurs plus réceptifs à certaines idées; certains s’en inspirent même pour établir des projets de société. En revanche, un univers fictif n’est jamais la démonstration du bien-fondé d’un projet de société. Ce qui ne doit pas occulter le fait que les instituts de prospectives publiques et privés engagent désormais des auteurs de SF pour les aider à rédiger leurs scénarios du futurs. Ceux envisagés par la CIA et la Darpa sont parfois assez…cyberpunk.

    Quelques liens qui peuvent intéresser les worldbuilders:
    -Usbek et Rica (https://usbeketrica.com/) qui présentent avec humour les fictions en vogue et les concepts du présent qui en font des réalités.
    -Presse Citron (https://www.presse-citron.net/) qui fait la promotion bon enfant de l’innovation technologique (et inspire involontairement Usbek et Rica).
    -The Flares (https://the-flares.com/) pour les amateurs de prospective ou d’écriture de prospective.
    -Worldbuilding Stack Exchange (https://worldbuilding.stackexchange.com/), site anglophone qui engage des discussions prospectives (sérieuses) sur des hypothèses surnaturelles ou des projets de sociétés futuristes.
    -SF Zone (https://www.sf.zone/) pour ceux qui veulent s’initier à l’écriture d’histoire de SF.
    -L’Atelier (https://aphil.1fr1.net/forum) pour ceux qui s’intéressent à la construction de langue.

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